Comment donner la clé des champs à ses enfants

Comment donner la clé des champs à ses enfants

La perspective d’un accident ou d’un enlèvement vous empêche de laisser vos enfants jouer dehors sans surveillance? Récemment, des familles dites « élevées en liberté » ont fait les manchettes des médias américains après avoir reçu la visite des services de protection de l’enfance. Leur faute : les parents avaient laissé leurs enfants jouer seuls dans la cour ou marcher non accompagnés jusqu’au parc. Et vous ? Redoublerez-vous de prudence de peur de faire l’objet d’un signalement ?

Ajoutée aux autres, cette crainte a forcément un impact négatif sur nos enfants. Elle pourrait signifier que ceux-ci ne jouent pas dehors aussi souvent qu’ils le devraient. Par conséquent, ils ne développent pas certaines habiletés physiques, affectives et sociales cruciales qui s’acquièrent en bougeant, en explorant sans avoir un parent sur le dos et en réglant des conflits sans l’arbitrage d’un adulte.

Il nous revient donc de trouver des moyens de rendre les enfants plus autonomes, malgré l’anxiété que peut susciter cette perspective.

Dans un article paru sur le site du Huffington Post, l’experte en éducation Alyson Schafer encourage les parents à cesser de craindre les services de protection de la jeunesse et à promouvoir l’autonomie graduelle de leurs enfants.

« Nous avons tendance à surprotéger et à surencadrer nos enfants », écrit-elle. « Nous formons sans le vouloir des enfants timorés, à ce point dépourvus d’initiative qu’ils ne sauraient fonctionner sans supervision. C’est l’effet Pygmalion. »

Prenez bien le temps d’absorber cette information. Les enfants ont besoin de supervision parce qu’ils n’ont pas développé les habiletés qui les rendraient autonomes.

Alyson Schafer poursuit en relatant le cas d’une mère qui a transformé la culture de son quartier en prenant l’initiative de laisser ses enfants marcher seuls jusqu’à un module de jeu situé non loin de chez eux. Son voisin a emboîté le pas et, ensemble, ils ont mis au point un système de compagnonnage pour les six enfants.

Quelle idée fantastique : faire équipe avec d’autres familles du quartier pour que les enfants se déplacent en groupe. Nous avons demandé à nos Modèles actifs pour la vie comment ils s’y prenaient pour laisser leurs enfants développer leur autonomie lorsqu’ils jouent dehors. Imposent-ils des règles ? Ont-ils instauré un système de compagnons ? Des limites géographiques ? Les contraintes varient-elles selon l’âge des enfants ? Voici ce qu’ils nous ont dit (veuillez noter que certains de nos modèles préfèrent garder l’anonymat) :

« Quand j’emmène les enfants dans des lieux publics comme le Jardin botanique, ils prennent la direction des opérations à tour de rôle et nous suivons le chef de troupe. Comme ils n’ont que trois et cinq ans, je n’aurais pas l’esprit tranquille de les laisser partir seuls, alors je traîne derrière eux, ce qui leur laisse tout le loisir d’explorer à leur guise. » — Jennifer Van Oosten

« Je laisse mes enfants (âgés de 6 et 11 ans) jouer sans surveillance à l’intérieur d’un périmètre clairement défini dans le quartier. Nous avons commencé par un petit périmètre, dont nous avons graduellement repoussé les limites, par exemple pour marcher jusqu’à l’école ou au parc du quartier. Ma plus vieille a la permission de vagabonder avec ses amies (elles doivent être au moins trois) dans un périmètre élargi. À six ans, mon plus jeune ne peut jouer seul que dans la cour. Ma fille doit toujours avoir son cellulaire avec elle en cas d’urgence. Lorsque nous sommes en voyage ou dans des quartiers que nous ne connaissons pas, les enfants doivent toujours être accompagnés d’un adulte. Les promenades sont réservées aux zones que je connais bien et au sujet desquels je n’ai pas d’inquiétude. » – Anonyme

« Nous faisons beaucoup de randonnée en montagne, et chaque fois, je veux que les enfants qui m’accompagnent restent toujours à portée de voix. Ils peuvent marcher en tête et choisir la direction, mais je ne veux pas les perdre de vue puisque nous pouvons toujours rencontrer des bêtes sauvages. En ville, lorsque j’organise des sorties avec mon club de marche en nature, nous laissons les enfants plus libres de nous devancer sur les pistes et les sentiers. À la maison, je laisse mon fils de sept ans jouer seul dans la cour arrière, mais je suis généralement au rez-de-chaussée, où les grandes fenêtres me permettent de le surveiller. Je ne le laisse pas encore marcher seul jusqu’à l’école, mais je le ferais si un camarade l’accompagnait. » – Tanya Koob

« Notre propriété de 12 acres comporte des zones interdites, comme l’étang. À part elles, les enfants peuvent aller où ils veulent. Bien que nous devions leur rappeler d’emprunter les barrières plutôt que d’enjamber les clôtures, nous n’avons pas eu d’ennuis. Nous sommes habituellement dehors en même temps qu’eux, ou alors ils sont dans notre champ de vision. » — Holly LaRochelle

« Je n’impose pas les mêmes règles à tous mes enfants. J’autorise mon plus vieux, qui a dix ans, à se rendre à l’école ou à la bibliothèque à pied, et même à aller dîner à l’extérieur de l’école avec ses amis, une grande étape cette année. Nous l’avons sensibilisé aux mesures de sécurité à prendre sur la rue et à l’importance de rester vigilant. Mon fils doit aussi se rendre du point A au point B ; pas de lèche-vitrine ou de flânage entre les deux, à moins qu’on en ait parlé avant. Ma plus jeune a cinq ans ; je la laisse jouer seule dans la cour arrière et même dans celle des voisins, où elle se rend toute seule, à condition de m’avoir demandé la permission. Je veille à ce que la porte de la cour soit toujours fermée. Il y a beaucoup de circulation sur notre rue, aussi je reste dehors avec les enfants lorsqu’ils veulent jouer dans l’entrée ou devant la maison. Quand c’est possible, je leur tiens la main en marchant, et je le fais toujours en traversant la rue. Nous avons commencé à parler à notre fille des règles de sécurité dans la rue, même si elle ne comprend pas encore bien. Depuis quelques mois, je relâche un peu la bride en lui permettant d’aller d’une aire de jeux à une autre (dans la cour d’école) sans moi. Mais quand il y a beaucoup de monde, elle aime que je reste dans son champ de vision, et c’est bien comme ça. J’aime qu’elle reste dans le mien aussi. » — Puneeta Chhitwal-Varma

Comme ces parents de l’article du Huff qui ont choisi de jeter du lest, nous pouvons cesser d’avoir peur et instaurer une culture plus saine pour nos enfants afin qu’ils deviennent des adultes heureux et confiants. Ajoutez votre grain de sel et racontez-nous ce que vous faites pour rendre vos enfants plus autonomes à l’extérieur.

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