Le lien corps-esprit chez les petits
La littératie physique, ça commence quand les enfants ont pleinement conscience de leurs mouvements, et de ce qu’ils ressentent. Ils habitent leur corps. On dit alors qu’ils sentent le lien corps-esprit.
Lier le corps et l’esprit : c’est un sujet qui fait beaucoup jaser, et qui fait couler beaucoup d’encre aussi. C’est exactement ce qu’on veut dire par « habiter son corps » : avoir conscience de notre corps et de ce que nous ressentons quand nous occupons notre place dans l’univers. On ne vit alors pas sur le pilote automatique, insensible à notre environnement, à notre équilibre ou aux mouvements de nos membres : on ressent plutôt avec acuité chaque impulsion, chaque moment d’immobilité de notre corps.
L’importance d’habiter son corps
Tout le monde a un corps, tout le monde a un esprit. Il ne s’agit pas de deux entités distinctes – l’une n’existe pas sans l’autre.
Toutefois, on peut perdre de vue ce lien, ou s’en détacher. C’est en général la conséquence de notre mode de vie contemporain qui ne nous laisse pas reprendre notre souffle. On habitue notre tête à résister aux besoins de notre corps ou à les ignorer pour passer à travers notre journée.
C’est ce qui arrive lorsqu’on étudie toute la nuit en vue d’un examen sans tenir compte de nos besoins en sommeil, ou lorsqu’on étouffe l’inconfort ressenti lors d’un long vol dans un petit siège. C’est ce qui arrive lorsqu’on participe à un petit triathlon malgré une blessure musculaire, pour se donner la fierté de dire qu’on l’a terminé.
À court terme, il semble peut-être raisonnable ou acceptable d’adopter ce genre de comportement, pour atteindre un objectif immédiat. On se dit que c’est un tout petit sacrifice. Mais si on s’habitue à ignorer nos besoins et à étouffer nos sensations, jour après jour, peu à peu, on perd contact avec soi. On perd contact avec notre propre corps.
Apprendre la déconnexion
La société contemporaine branchée nous pousse à perdre contact avec nous-mêmes. Même enfant, on se fait enseigner à ignorer nos sensations.
Ces pratiques font partie de notre culture : il faut rester assis tranquille à son pupitre, même si on a la bougeotte. Il est accepté de regarder des vidéos ou de jouer à des jeux sur son téléphone pendant des heures et des heures, en perdant conscience de besoins comme manger ou aller aux toilettes. On n’offre pas aux enfants la chance de découvrir le mouvement et le jeu actif très jeunes, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, alors qu’il s’agit d’un stade essentiel pour le développement du lien corps-esprit.
C’est tout l’inverse d’avant le 20e siècle… de toute l’histoire de l’évolution humaine, carrément. Avant que ne surviennent l’industrialisation et la migration vers les villes, la plupart des enfants étaient dehors toute la journée, à bouger, souvent dans des environnements naturels où ils pouvaient grimper aux arbres, gravir des collines, explorer des forêts ou encore nager dans des lacs et des rivières. Toutes des activités qui contribuaient à développer la conscience de leur corps.
Occuper notre corps
Nous pouvons aider les enfants d’aujourd’hui à améliorer le lien entre leur corps et leur esprit. Tout d’abord, on peut leur donner le plus d’occasions possible de bouger, que ce soit à la garderie, à l’école, dans des programmes sportifs de qualité ou à la maison, tout simplement.
L’activité physique sous toutes ses formes a ses avantages, mais certaines sont meilleures que d’autres. On se rend par exemple de plus en plus compte de l’importance du jeu à l’extérieur pour le bon développement des tout-petits.
Tout ce qui demande d’être attentif à nos mouvements et à notre coordination est bénéfique, également : la gymnastique (en anglais), la danse, le yoga, le taï-chi, les arts martiaux, etc.
Les sports comme la planche à roulettes, la planche à neige et le parkour sont eux aussi recommandés. Toutes ces activités favorisent le développement de la proprioception– la conscience de nos mouvements et de notre corps dans l’espace.
Et tout simplement : si l’on redouble d’attention durant notre marche en forêt ou à la plage, on peut y gagner.
Conscience du corps : un meilleur avenir en vue
L’importance du lien entre corps et esprit s’est de plus en plus établie dans les dernières décennies. On en parle maintenant partout; en éducation physique comme en thérapie psychologique – voir la thérapie somatique (en anglais).
Cette prise de conscience de notre corps demande toutefois de l’attention. On ne doit pas qu’en parler : il faut l’entretenir par un mouvement conscient.
C’est important de l’enseigner à nos enfants. En les aidant à développer la conscience de leur propre corps très jeunes, on leur permettra non seulement de mieux bouger, mais aussi de s’épanouir pleinement dans leur vie.
