Illustration by Stephanie Louie

L’échec du rapport Ontarien « l’urgence d’agir »

Quand il est question d’enfants, de la santé et de l’obésité, il y a ce qu’on veut faire, ce qu’on devrait faire et ce qu’on doit faire.

Je viens de terminer de lire l’urgence d’agir : Stratégie pour des enfants en santé [PDF anglais]. Le rapport  a été mené par le ministère de l’Ontario avec l’ambitieux objectif de réduire le taux de l’obésité infantile de 20 % pour 2018. L’urgence d’agir énumère une série de stratégies pour contrecarrer ces problèmes de poids.

Noble, mais le rapport est fondamentalement faussé : La santé infantile ne relève pas que du poids. Elle requiert que les enfants s’impliquent dans une activité physique régulière, modérément intense. Et ce facteur clé est omis dans l’urgence d’agir.

Le taux alarmant de l’obésité chez les enfants canadiens

Il y a une crise de l’obésité infantile au Canada. En 1981, le pourcentage d’enfants obèses n’était que de 1.85 %. En 1996 il a grimpé à 9.55 %. En 2009, il était de 11.7 %.

Pour atteindre l’objectif établi par l’urgence d’agir, le taux doit passer à 9.4 %, une réduction d’un  peu plus de 2 %.

Cela signifie que nous devons enrayer une tendance à la hausse et renverser la situation. C’est comme arrêter une locomotive qui dévale une côte pour ensuite la repousser en sens inverse.

J’applaudis cet objectif. C’est une obligation. Et on ne peut s’arrêter en chemin!

La santé des enfants est devenue une obligation

Et voilà que paraît l’urgence d’agir, qui offre une approche non restrictive en vue d’assurer une meilleure santé à nos enfants. Je reconnais que je suis très emballé lorsque je lis ce genre de mots, car ils sont plus que pertinents. Nous avons besoin d’un changement sociétal au niveau mondial et nous en avons besoin maintenant!

Nous avons connu de francs succès pour l’ensemble de la société dans quelques domaines préventifs :  les ceintures de sécurité, le recyclage, le brossage des dents, la réanimation cardiorespiratoire, et ne pas fumer dans les espaces publics intérieurs. C’est faisable.

Ne rien faire maintenant signifie que la trajectoire de l’obésité infantile ne changera pas. Et si cela arrive, les mesures qui seront inévitablement nécessaires pour l’avenir seront bien plus difficiles à accepter que l’ensemble des propositions que nous vous soumettons ici.

— L‘urgence d’agir : Stratégie pour des enfants en santé, un rapport du ministère de la Santé et des soins de longue durée de l’Ontario publié en mars 2013.

Mais bien que l’urgence d’agir soit percutant dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les recommandations judicieuses sur l’alimentation, le rapport aurait pu aller plus loin.

Comment financer des stratégies de prévention de l’obésité

Nous dépensons environ 5 milliards par million de Canadiens en soins de santé et une somme dérisoire de 0,16 milliard par million pour la prévention. L’urgence d’agir demande 80 $ millions de nouveaux fonds pour la prévention. C’est nécessaire, mais c’est à peine une goutte d’eau dans le seau complètement à sec.

J’aurais inclus une « taxe sur la mal bouffe » pour générer des revenus pour des campagnes de prévention. Les Canadiens n’ont même pas sourcillé lorsqu’une « taxe environnementale » a été appliquée aux bouteilles en plastique. Est-ce que ça les dérangerait si on ajoutait quelques cents sur chaque vente de tous les aliments pleins de calories et sans propriétés nutritives?

Et que dire d’une taxe pour « le service au volant »? Et toute transaction faite à l’intérieur d’un véhicule, que ce soit une banque, un café ou un établissement de restauration rapide, pourrait être taxée de quelques cents.

Ce sont des choses que nous devons faire pour financer la prévention de l’obésité et les stratégies d’éducation. Si nous dépensons 5 milliards pour les soins de santé, et c’est ainsi que nous traitons les problèmes liés à l’obésité, nous avons besoin du montant identique pour la prévention afin d’enrayer l’obésité et redresser la situation.

Ce qui m’a vraiment dérangé dans l’urgence d’agir ce sont ses recommandations visant seulement à réduire la masse de graisse dans le corps des enfants. Cela ne suffit pas à avoir des enfants en bonne santé.

Les facteurs qui contribuent à la santé

Vous ne serez pas en bonne santé seulement en mangeant sainement. Nos statistiques sur l’activité physique au Canada révèlent qu’une grande majorité des enfants ne se conforment pas aux lignes directrices minimales requises, donc manger plus sain n’est pas sain en lui-même.

La santé vient d’une bonne alimentation associée à une activité physique régulière d’intensité modérée. Celles-ci ensemble favorisent :

  • une meilleure ossature
  • un meilleur cœur
  • un meilleur cerveau
  • de meilleurs muscles
  • un meilleur psychisme
  • une meilleure vie sociale
  • moins de maladies
  • une diminution de probabilités de tragédie personnelle

Outre le fait que l’association des exercices et de l’alimentation contribuerait à notre système de santé.

Mais le rapport ne fait pas entièrement état de tous les facteurs qui contribuent à la santé.

Qu’est-ce qui manque dans l’urgence d’agir : l’activité physique

Où les recommandations obligatoires sur l’activité physique sont-elles mentionnées dans l’urgence d’agir?

Où sont les fermes recommandations pour les secteurs de la détente, des sports et de l’exercice?

Où sont les fermes recommandations pour l’éducation physique et la santé    ?

Où sont les fermes recommandations pour la récréation?

Il y a moins de 2 pages sur l’activité physique, et de plus, la majorité est consacrée au mandat des activités physiques journalières dans les écoles qui a échoué.

L’urgence d’agir ne contient aucune recommandation vigoureuse pour cette composante critique de la santé d’un enfant : l’activité physique.

Dire que j’ai été déçu n’exprime en aucune manière ma frustration. Je me suis littéralement effondré sur ma chaise.

Nous n’avons vraiment pas le temps d’attendre

Tous les collègues qui ont lu l’urgence d’agir ont eu la même réaction : où se trouve la partie sur l’activité physique? Il y a beaucoup de gestes radicaux évidents qui pourraient être posés dans ce domaine. Et l’Ontario a failli à la tâche.

Comme les coprésidents du rapport l’admettent : « Ils (les enfants) ne méritent rien de moins ».

Nos enfants doivent être en bonne santé. Et pour atteindre cet objectif, il faut prendre des dispositions dans le domaine de l’activité physique à la maison, dans les infrastructures de l’école et dans les secteurs récréatifs et du sport.

Ceci est ce qui doit être accompli.

Les enfants canadiens ne méritent rien de moins.

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