La légende du hockey Ken Dryden en a assez des blessures à la tête
La fin de semaine dernière, Ken Dryden – gardien de but membre du Temple de la renommée, ancien député fédéral et auteur réputé – a signé un essai pour The Globe and Mail dans lequel il demande à Ligue nationale de hockey d’appliquer « un règlement non négociable sur toutes les patinoires : aucun coup à la tête, aucune excuse ».
Dryden est en mission : il veut réduire le nombre de commotions cérébrales dans le hockey professionnel, et il a de bonnes raisons de le faire. En effet, des études scientifiques ont prouvé que les coups à la tête peuvent mettre fin à la carrière d’un joueur, et parfois même à sa vie.
Le légendaire portier veut que la LNH emboîte le pas au hockey mineur, où tous les coups à la tête sont pénalisés.
Cela laisse croire que les parents de joueurs de hockey mineur n’ont pas à s’en faire. Les règlements font en sorte que nos enfants sont protégés, n’est-ce pas? À cela, il faut répondre « peut-être ».
Quelques faits importants pour les parents
La réalité, c’est qu’il y a encore des puristes invétérés du hockey qui croient que de pénaliser systématiquement les coups à la tête va détruire le sport. Souvent, ces gens réagissent vivement lorsque de telles pénalités sont décernées. Pour certains entraîneurs et joueurs, l’idée d’éliminer tous les coups à la tête ne passe pas.
Voilà en quoi l’essai de M. Dryden est très utile pour des parents comme moi qui sont d’accord avec lui, qui croient que les coups à la tête n’ont pas leur place dans le sport et qu’il n’y a plus d’excuses. Mais la véritable valeur de l’article repose sur les phrases percutantes claires, logiques et factuelles qu’on y trouve.
Dryden exprime des vérités indéniables qui vont au cœur du problème, nous fournissant tous les arguments dont nous avons besoin pour répondre à ceux qui s’opposent à sanctionner les coups à la tête.
1. « Un coup à la tête, ce n’est pas une bonne chose. Plusieurs coups, des coups solides, ce n’est vraiment pas une bonne chose. »
C’est prouvé par la science. Personne ne peut nier ce fait.
2. « L’important, c’est le joueur qui est frappé, pas celui qui frappe; c’est la conséquence et non la cause. »
Les spectateurs réagissent souvent avec véhémence lorsqu’une punition est décernée à un jeune joueur qui en a accidentellement frappé un autre à la tête. Le message à retenir, c’est qu’il faut axer les efforts sur la protection d’abord. Le cerveau ne fait pas de distinction entre le matamore qui cherche à infliger une blessure et un coup accidentel. M. Dryden souligne d’ailleurs que certains règlements de LNH pénalisent la conséquence et non la cause. Par exemple, si un joueur envoie accidentellement la rondelle par-dessus la baie vitrée, c’est une punition automatique.
3. « Les joueurs et les entraîneurs s’adapteront, et le hockey s’en portera mieux. »
Le hockey a évolué : au fil des ans, de nombreux changements ont été apportés aux règlements, et les joueurs et les entraîneurs professionnels ont toujours usé de créativité pour s’y adapter. Dans la plupart des cas, ces adaptations ont amélioré le sport.
Comme l’écrit M. Dryden, il y a bel et bien une solution pour réduire le nombre de blessures à la tête au hockey, et il faut commencer par sévir contre les coups à la tête. À cet égard, le hockey mineur a une longueur d’avance sur les circuits professionnels. La prochaine étape consiste à ancrer solidement cette idée dans l’esprit de chaque parent, entraîneur et joueur.
Note de l’auteur :
L’article de Ken Dryden fait référence à son nouveau livre, Game Change: The Life and Death of Steve Montador, and the Future of Hockey, que je n’ai pas lu.
Dryden a récemment parlé de ce sujet à l’émission The Current, sur les ondes de la radio de CBC.