Faire preuve de zénitude au terrain de jeux

Faire preuve de zénitude au terrain de jeux

Avant d’être parent, vous pensez savoir comment vous réagirez le moment venu. Je me voyais être relax et suivre le mouvement; il s’est avéré que ma fille s’épanouissait sur les modules. Je m’imaginais passer des heures à jouer à la coiffeuse. Erreur. Cette enfant voit une brosse et se met à hurler.

Ce que je n’avais pas calculé : J’allais la laisser faire table rase, la laisser chuter, faire des erreurs afin qu’elle apprenne de celles-ci. Mais depuis le jour où elle est née, sans vraiment le réaliser, je l’empêchais d’écouter la petite voix intérieure qui lui dit, allez, vas-y!

Chaque fois qu’elle essayait quelque chose de nouveau au terrain de jeux, la peur me faisait tressauter. Chaque fois qu’elle faisait preuve de curiosité et qu’elle partait en courant voir quelque chose, je m’écriais « prends garde », « ralentis », « fais attention ».

Je me rends bien compte que j’ai été une mère poule. Mais étant donné que j’ai surtout surprotégé mon enfant quand il s’agissait de sport et de défis physiques, il se peut que ça ne soit pas si dramatique que ça. Mais j’ai peux être couvé un peu trop quand même.

Mes amis rient de moi en prétendant que je n’aurai jamais à me soucier de l’appel de l’école tant redouté. Vous savez, celui qui vous annonce que votre enfant est tombé en tentant quelque chose d’idiot dans la cour de récréation? Ma fille est tellement prudente, qu’elle ne s’aventure pas plus loin que les deux premiers barreaux des grimpeurs. J’étais ravie; tant que sa timidité ne la rendait pas introvertie, cela m’arrangeait assez de ne pas avoir à me faire du souci en plus de toutes les tracasseries qui sont le lot des parents.

Mais plus je l’observais au terrain de jeux, et plus j’entendais mes mots faisant écho : « Prends garde, ralentis, fais attention. »

Mon mari lui a appris à faire du vélo et lui a dit. « Tiens-toi droite, regarde devant toi, tu es capable. » Tout d’un coup, j’ai réalisé que je lui disais toujours ce qu’elle ne devait pas faire. Je ne dis pas que je ne l’ai pas encouragée ou que je n’ai pas reconnu ses succès, mais j’ai peut-être minimisé ses progrès parce que j’étais trop occupée à me faire du souci pour apprécier l’instant présent et le fêter avec elle.

J’ai réellement pris conscience de tout cela lors d’une randonnée avec des amis et leurs fils particulièrement casse-cou. Les garçons glissaient littéralement le long des rampes et j’ai commencé à éprouver le besoin de dire à ma fille de ralentir. Ils dévalaient des pentes, et ma bouche s’est ouverte pour l’avertir de nouveau. C’était comme une expérience en dehors du corps — hors du commun — et soudain, j’ai compris. Elle se parlait, croyait en elle, et j’allais gâcher cela. Je me suis retenue, j’ai souri et l’ai observée avec fierté commencer à explorer les environs, en grimpant et en bougeant avec aisance et assurance.

Depuis ce jour, j’observe ma merveilleuse enfant indépendante prendre des risques et bien que je puisse à l’occasion être tendue, lorsqu’elle décide de franchir le mur d’escalade, qu’elle aille un peu trop vite sur son scooter ou finisse par attraper avec confiance le 3e barreau du grimpeur, je me force à ne pas l’en empêcher.

Je serai peut-être toujours une mère poule, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle s’épanouisse.

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