Le problème des terrains de jeux sécuritaires

Le problème des terrains de jeux sécuritaires

« La meilleure chose qu’un parent puisse offrir à un enfant c’est la possibilité d’un bras cassé… »

Je ne me souviens pas où j’ai entendu cela. Ou qui l’a dit. Bien qu’au départ j’ai trouvé ça cruel, j’ai appris à adorer cette citation parce que cela suppose que la plupart des bras cassés des enfants surviennent après une chute d’un arbre ou lorsqu’ils dévalent une colline dans un wagon branlant.

Je me souviens avoir fait toutes ces choses lorsque j’étais enfant. J’ai dû me faire mal à un moment donné, mais rien de bien sérieux. Comme la plupart des enfants, je ne me suis jamais rien cassé.

Lorsque j’emmène mes enfants au parc, j’essaye de leur tourner le dos. Si je les regarde grimper, se balancer et toujours être en mouvement, je tressaille à chaque fois qu’ils trébuchent, je me recroqueville à chaque fois qu’ils tombent. Parce que je ne veux pas qu’ils se fassent mal.

Mais je ne veux pas non plus limiter leur exploration. Et si je passe mon temps à leur demander de ralentir et de faire attention, j’interfère avec leur tendance naturelle à prendre des risques. Pour se mettre au défi. Pour voir de quoi ils sont capables.

Le problème avec les terrains de jeux modernes c’est qu’ils sont trop sécuritaires. Les enfants maîtrisent le matériel trop rapidement et se lassent.

Ce qui peut être une des raisons pour lesquelles le terrain de jeu de votre voisinage ne s’use jamais sauf s’il est dans la cour de récréation de l’école. Et pourquoi les enfants grimpent-ils toujours en sens inverse sur les glissoires? Ils essayent de trouver des défis.

Le journaliste scientifique John Tierney du New York Times a écrit sur le sujet des terrains de jeux sécuritaires l’été dernier et a résumé une partie de l’étude.

Les blessures des terrains de jeux, écrit-il, sont occasionnées par des enfants qui essayent, mais ne maîtrisent pas les aptitudes comme le grimper. « Mais ces dernières causent rarement des dommages permanents, qu’ils soient physiques ou émotionnels » en fait, en s’exposant à plus de dangers sur le terrain de jeux, les enfants s’adaptent à ces dangers. En s’endurcissant en quelque sorte.

Aucun parent ne veut que son enfant souffre. Il est normal de s’inquiéter pour la sécurité de nos enfants. Nous n’avons absolument pas besoin de nous inquiéter autant parce que les blessures catastrophiques sont extrêmement rares. Au Canada, un enfant par an meurt d’un accident sur un terrain de jeu. Souvent, le pire qui puisse arriver est un bras cassé. Une blessure qui guérit rapidement lorsqu’on est enfant.

Devenir un « parent poule » qui essaye de prévenir toute égratignure, bosse ou bleu, est bien plus dommageable qu’un os cassé. Parce que nous savons que rester autour d’un enfant le rend moins enclin à être actif, moins enclin à explorer et s’aventurer.

Des chercheurs en Norvège ont déterminé que l’angoisse d’un parent qui craint que son enfant se blesse fait plus de mal que la blessure potentielle parce que les enfants finissent par avoir peur eux-mêmes. Ce qui peut mener, disent-ils à un « niveau plus élevé de psychopathologie ».

Si j’ai le choix entre un gamin dans un plâtre pendant quelques semaines ou un enfant peureux confronté une vie entière à des problèmes de santé, la décision est simple pour moi. Je prends le risque d’un bras cassé n’importe quand.

Les chiffres des blessures des terrains de jeux

  • Nombre d’enfants (0-14) au Canada : 5.6 millions (recensement 2006)
  • Nombre d’enfants canadiens traités dans les urgences à l’hôpital pour des blessures survenues sur les terrains de jeux (annuellement) : 28.000 (0.28 million, estimation Santé Canada)
  • Nombre de décès d’enfants canadiens liés à un module de terrain de jeux entre 1982 et 1999 : 18, à peu près un par an (Santé Canada)
  • Nombre d’enfants canadiens présentant une surcharge pondérale, un facteur de risque de diabète type 2 : 1.4 million (OCDE)

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