Three girls high-five after a track race. The sun shines behind them.

Champion rime avec… expérimentation!

Comment faire pour encourager votre enfant à devenir athlète d’exception? La réponse pourrait vous surprendre.

Quand on parle d’athlètes célèbres, on pense souvent aux Tiger Woods de ce monde, qui ont commencé à pratiquer leur sport dès leur plus tendre enfance. Instinctivement, on pourrait croire que c’est en commençant tôt et en se concentrant sur une seule activité qu’on peut se hisser au sommet. 

Mais dans le monde des sports, les jeunes prodiges spécialisés sont l’exception, pas la norme. En fait, pour devenir champion, il faut miser sur la diversité des activités. 

Le parcours du champion 

Les recherches des 20 dernières années révèlent qu’à long terme, les enfants qui essaient différents sports et activités se rendent généralement plus loin que ceux qui se spécialisent tôt. 

Une revue exhaustive publiée en 2022 illustre particulièrement bien ce point. 

Dans un rapport intitulé « What Makes a Champion? », un trio de chercheurs américains et allemands a passé en revue 51 études internationales portant sur la performance des athlètes de niveau expert. Au total, les chercheurs ont examiné le développement de 6 096 athlètes adultes et jeunesse, dont 722 parmi les meilleurs au monde. 

Leur analyse montre que la majorité des athlètes de calibre mondial pratiquaient plusieurs sports et activités à l’enfance et à l’adolescence, sans spécialisation.

Dans plusieurs cas, les adultes avaient commencé leur sport de prédilection sur le tard, et y avaient passé moins d’heures à l’enfance que nombre de leurs pairs. En général, leurs progrès étaient aussi plus lents, au point qu’ils semblaient parfois tirer de l’arrière. 

Leurs pairs s’étant spécialisés tôt étaient généralement plus performants au niveau jeunesse, mais ils y atteignaient souvent un plateau. 

En fait, lorsqu’il est question de succès international à long terme, c’est la spécialisation tardive qui semble l’emporter.

Ces résultats indiquent que le secret de la réussite sportive à long terme ne réside pas dans la spécialisation précoce, contrairement à ce que croient de nombreux parents et entraîneurs : si celle-ci favorise le succès chez les jeunes, elle pourrait toutefois freiner la performance à l’âge adulte. 

Des athlètes multisports célèbres

Au Canada, de nombreux athlètes d’élite pratiquaient plus d’un sport à l’enfance. C’est le cas de trois de nos plus grandes vedettes sportives :  

  • Christine Sinclair, étoile du soccer, a joué au basketball et au baseball.
  • Wayne Gretzky, légende du hockey, a joué au baseball, à la crosse et au tennis.
  • Steve Nash, pro du basketball, a joué au hockey, au soccer, à la crosse et au baseball.

David Epstein, qui a abondamment écrit sur l’expertise sportive, souligne que la pratique d’activités et de sports variés à l’enfance a profité à plusieurs champions de tennis : 

  • Emma Raducanu – une joueuse anglaise qui a remporté son premier grand chelem à 18 ans, à 400 contre 1 – a fait du ballet, de l’équitation, de la natation, de la danse à claquettes, du basketball, du ski, du golf, du karting et du motocross à l’enfance.
  • Serena Williams a fait du ballet, de la gymnastique, du taekwondo et de l’athlétisme.
  • Roger Federer a joué au soccer, au badminton et au basketball. 
At a tennis lesson, four children hold their racquet over their heads as they learn to hit the ball.

Le secret de l’approche multisports

L’efficacité de l’approche multisports est due à divers facteurs. Pour commencer, elle favorise le transfert des habiletés entre les sports et activités. 

En entrevue pour le journal The Guardian (en anglais), l’ancien entraîneur de Raducanu a souligné les avantages d’avoir pratiqué divers sports pour son élève :

« Lorsqu’elle acquiert une habileté ou essaie quelque chose de nouveau, sa coordination et ses capacités l’aident à apprendre très rapidement, même si la technique est complètement différente. »

Epstein précise aussi qu’en essayant divers sports, les enfants sont plus susceptibles de trouver celui qui correspond le mieux à leurs intérêts et capacités. 

Des études semblent indiquer que l’approche multisports pourrait également améliorer la résistance aux blessures physiques et à l’épuisement mental. 

La spécialisation précoce, toujours encouragée?

Pourquoi continue-t-on à encourager la spécialisation précoce? Surtout pour deux grandes raisons. 

La première, c’est que les mythes ont la peau dure. L’idée que la spécialisation précoce produit les meilleurs résultats est profondément ancrée dans les médias, les conversations et les préjugés inconscients. 

La deuxième – et c’est un dossier chaud – est la commercialisation du sport jeunesse (en anglais). La vente de services de coaching, d’entraînement et d’intégration à une « équipe voyageuse » exclusive rapporte gros aux entrepreneurs sportifs jeunesse des États-Unis et du Canada. Tous promettent sensiblement la même chose : maximiser les chances que votre enfant passe chez les pros. Les données, toutefois, n’appuient nullement l’efficacité de cette approche. 

A smiling teenage boy holds a basketball over his head with one hand.

Favoriser l’approche multisports

Que préférons-nous : aider les enfants à réaliser leur potentiel à long terme, ou en faire des champions jeunesse qui pourraient toutefois passer à côté d’un avenir brillant? 

Les données sont de plus en plus claires : pour aider nos enfants à donner le meilleur d’eux-mêmes, il faut les encourager à essayer autant de sports et d’activités que possible. 

Nul besoin de les inscrire à une panoplie de programmes tous plus chers les uns que les autres; le jeu actif en famille ou entre amis peut donner un bon coup de pouce au développement des habiletés, en plus d’aider à découvrir les sports et activités de prédilection. 

L’idéal, c’est de combiner activités structurées et jeu libre. Il existe aussi d’excellents programmes municipaux (article en anglais) qui feront essayer divers sports à votre enfant pour un prix raisonnable.

N’oublions pas non plus que chaque enfant a des intérêts et aptitudes qui lui sont propres : chacun suivra son propre chemin parmi les centaines d’activités physiques et de sports offerts à travers le pays. 

L’important, c’est d’offrir des options et d’encourager le jeu.


Pour en savoir plus sur le sport à l’enfance :

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