L’approche multisports : élever des enfants athlètes heureux et en santé

L’approche multisports : élever des enfants athlètes heureux et en santé

Au cours des 10 dernières années, on a beaucoup parlé des dangers associés à la pratique d’un seul sport ou d’une seule activité physique par les enfants. La recherche sur la spécialisation précoce a révélé des problèmes (en anglais) allant des blessures de surentraînement à l’épuisement mental, en passant par le décrochage et l’abandon total de l’activité physique. 

Par conséquent, de nombreux experts en entraînement et professionnels de la santé encouragent une démarche plus variée qu’on qualifie d’approche multisports ou de diversification sportive (en anglais). L’objectif est de faire en sorte que les enfants évitent les blessures de surentraînement attribuables aux mouvements spécialisés répétitifs ainsi que l’épuisement et qu’ils soient moins susceptibles de laisser tomber l’activité physique. 

Bien des experts croient par ailleurs que l’approche multisports permet de former des athlètes plus complets. Certaines données probantes indiquent que, dans la plupart des disciplines, la meilleure façon d’atteindre les rangs universitaires et professionnels, c’est de pratiquer de multiples activités physiques et sports durant l’enfance. Au Canada, par exemple, quatre grands organismes nationaux de sport ont pris position pour promouvoir l’approche multisports à titre de recette du succès.

Si la diversification sportive est la voie à suivre pour votre enfant, en quoi consiste-t-elle concrètement? S’agit-il de pratiquer trois sports différents par semaine, un nouveau sport tous les mois, 15 sports par année? 

L’approche multisports comporte différentes nuances. Celles-ci, qu’il importe de comprendre, reflètent les variations d’un enfant à l’autre et d’une activité à l’autre.

La spécialisation, qu’est-ce que c’est? 

Les enfants qui veulent un jour devenir des champions n’ont d’autre choix que de se spécialiser à un moment donné. Les experts s’entendent également pour dire que dans certains sports, comme la gymnastique et le patinage artistique, la spécialisation doit s’effectuer plus tôt que dans d’autres, comme le basketball et le cyclisme. Dans d’autres disciplines encore, notamment le soccer, il semble que les athlètes aient besoin de commencer à un jeune âge, mais que la spécialisation n’est pas nécessaire avant l’adolescence. 

Quoi qu’il en soit, comment peut-on déterminer avec exactitude le volume d’entraînement que représente une spécialisation? De combien d’heures et de semaines par année parle-t-on, et quand un enfant devrait-il la débuter? En outre, un tel niveau d’entraînement empêche-t-il nécessairement un enfant de faire d’autres activités en parallèle? 

Comme le souligne (en anglais) le professeur Joe Baker de l’Université York, le « dosage » précis d’entraînement et de compétition qui constitue une spécialisation n’a jamais été défini pour la plupart des sports. Cet aspect revêt une importance particulière si nous désirons accélérer la réussite des enfants dans le sport professionnel sans qu’ils ne se blessent ni ne s’épuisent. 

La plupart des enfants ne veulent pas se spécialiser tôt

La réalité, c’est que la plupart des préadolescents ne se lancent pas dans un sport ou une activité dans le but de devenir des athlètes professionnels. En effet, la vaste majorité des enfants ne cherchent qu’à s’amuser

De même, la plupart des parents et des entraîneurs impliqués au niveau du sport communautaire n’envisagent pas de propulser leur enfant dans les rangs professionnels. En général, ils veulent seulement l’initier à un sport ou à une activité, et espèrent qu’il connaîtra une expérience positive l’encourageant à rester actif pour la vie. 

Il y a quelques athlètes célèbres qui semblent avoir volontairement choisi de se spécialiser dans un sport à un très jeune âge. Parmi eux, citons Connor McDavid au hockey et Lionel Messi au soccer. Ce genre de passion précoce est toutefois extrêmement rare.

Si l’on se fie aux témoignages anecdotiques d’enfants, de parents et d’entraîneurs, la grande majorité des enfants ne sont pas si enclins à se limiter à un seul sport ou à une seule activité. Ils sont, dans une large mesure, plus heureux quand ils ont la possibilité de pratiquer une variété de sports et d’activités pendant la période primaire et, surtout, préscolaire. 

Un choix qui se résume aux valeurs           

Pour les parents qui tentent d’élever un préadolescent en santé, le choix entre la spécialisation et l’approche multisports devient une question de valeurs. Certains parents croient que leur enfant ne devrait s’adonner à un sport que pour la gloire et la réussite et selon eux, une spécialisation hâtive permettra d’atteindre ces buts. 

En revanche, d’autres parents estiment que les enfants devraient bouger pour les effets bénéfiques à long terme sur la santé et pour le plaisir. Autrement dit, on aurait avantage à leur donner plus d’occasions d’essayer une foule de sports et d’activités – et de s’amuser. 

Si nous partons du principe que la plupart des enfants n’aspirent pas à faire de la compétition en gymnastique ou en patinage artistique et n’essaient pas non plus d’atteindre les Jeux olympiques ou les rangs professionnels, nous pouvons probablement conclure que nous ne devrions pas demander à des préadolescents de pratiquer un seul sport toute l’année durant. Il serait plutôt préférable de les aider à découvrir autant d’activités que possible, dans un contexte positif et amusant.

Laisser son enfant décider

En fin de compte, nous devrions laisser nos enfants décider s’ils veulent se spécialiser et quand ils désirent le faire. Après tout, s’ils ne déploient pas d’efforts délibérés, aucun entraînement spécialisé ne les conduira jamais au niveau professionnel. 

Les entraîneurs d’expérience savent qu’à quelques rares exceptions près, les meilleurs athlètes excellent parce qu’ils le veulent pour eux-mêmes. Ils possèdent une motivation intrinsèque (en anglais), c’est-à-dire qui émane d’eux, plutôt qu’extrinsèque, soit qui provient des parents ou entraîneurs. 

Si cette volonté intrinsèque de réussir dans le sport peut survenir à tout âge, elle est rarement présente chez les enfants de quatre ou cinq ans. On l’observe un peu plus fréquemment chez les adolescents, mais même là, il s’agit normalement d’une minorité d’athlètes et de participants.  

Comment aborder l’approche multisports

Comme chaque enfant est unique, que le degré de motivation diffère d’une personne à l’autre et que chaque sport comporte des exigences physiques et mentales distinctes, il n’existe pas de formule universelle pour élever un enfant dans le milieu sportif. Certains choisiront de se « spécialiser » tôt, d’autres essaieront de multiples sports et activités jusqu’à l’adolescence. 

Voici deux exemples sommaires qui vous aideront à réfléchir à l’approche à adopter pour votre enfant. 

Votre enfant n’en a jamais assez

Si votre préadolescent découvre un sport qu’il aime et qu’il veut pratiquer tout le temps, il pourrait être acceptable de le laisser faire. La décision doit toutefois venir de lui, non pas de vous ou d’un entraîneur. De plus, idéalement, vous devez l’encourager à jouer de manière informelle à l’extérieur des programmes et des camps structurés.

En fonction du niveau d’intérêt et de la condition physique de votre enfant, cela pourrait représenter quatre ou cinq heures de jeu et d’entraînement par semaine, voire beaucoup plus. Vous devez simplement surveiller les signes de fatigue physique, mentale ou émotionnelle et imposer des périodes d’arrêt si l’intensité devient excessive ou dangereuse. 

Même si votre enfant adore pratiquer une activité en particulier, vous lui rendez service en l’exposant à autre chose dans la mesure du possible. Cela lui permettra d’améliorer ses habiletés motrices fondamentales (en anglais) et de trouver d’autres passions auxquelles il n’avait pas pensé.

Votre enfant aime le changement

Si votre enfant s’intéresse manifestement à une variété de sports et d’activités, il faut lui donner la chance d’en essayer plusieurs. Une fois de plus, cela lui permettra d’améliorer ses habiletés motrices et de découvrir d’autres centres d’intérêt potentiels. Surtout, ce faisant, vous respectez son souhait.   

En fonction de ce que votre enfant veut faire, des réalités pratiques liées à la parentalité et à la gestion familiale, cela pourrait correspondre à une activité par saison, à raison de trois ou quatre heures par semaine. Sinon, votre enfant pourrait s’adonner à deux ou à trois activités au courant de la majeure partie de l’année, à raison de seulement une ou deux heures par activité, par semaine. 

L’approche multisports de votre enfant pourrait inclure un mélange saisonnier d’un peu de tout, de l’introduction au hockey et au soccer aux programmes de gymnastique et de danse. Elle pourrait aussi s’appuyer sur des programmes explicitement désignés comme étant « multisports ». Des associations de loisirs de partout au Canada ont lancé divers programmes multisports ces dernières années afin de répondre à la demande croissante. 

Comment savoir si c’est trop 

Comme nous l’avons déjà mentionné, tout dépend des ressources dont dispose votre famille et de ce que veut votre enfant, de même que de son âge et de son stade de développement. Surveillez toujours les signes de fatigue physique, mentale et émotionnelle et reportez-vous aux Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures. Celles-ci vous aideront à évaluer le volume d’activité physique d’intensité modérée à soutenue que votre enfant devrait effectuer tous les jours. Le modèle de développement à long terme de l’athlète (DLTA) fournit aussi des lignes directrices sur le volume d’activité approprié à chaque âge.   

Choisir d’élever des enfants heureux et en santé

Si nous voulons que nos enfants aiment bouger et acquièrent un ensemble équilibré d’habiletés motrices, nous devons absolument les aider à essayer différents types d’activités et de sports, en tenant compte de ce qui les intéresse. Il ne faut pas non plus oublier qu’ils peuvent avoir d’autres centres d’intérêt, comme la musique et l’art, qui méritent aussi du temps et de l’attention. 

En définitive, notre façon d’élever nos enfants dans le sport reflétera ce qui constitue selon nous, en général, une éducation axée sur le bonheur et la santé.


Information complémentaire sur l’approche multisports :

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