A group of children run and laugh on the soccer field with their arms around each other.

À partir de quand peut-on dire qu’un jeune se spécialise dans un sport?

On entend beaucoup parler ces jours-ci de la spécialisation précoce des enfants dans un sport ou une activité physique. Ce phénomène occasionne toute une série de problèmes : épuisement, blessures de surmenage, fatigue mentale et émotionnelle, perte de motivation, décrochage. Inutile de le nier plus longtemps : se spécialiser en bas âge est une mauvaise idée. De nombreux médecins et experts sportifs vous le diront.

Mais qu’entend-on au juste par « spécialisation »?

Plusieurs parents ont posé la question à Actif pour la vie. Une mise au point s’impose pour nuancer ce concept pas toujours évident.

En un mot, on se spécialise dans une activité sportive du moment que l’on exclut complètement toutes les autres.

Si l’on entend surtout parler de spécialisation dans le contexte des jeunes, c’est généralement de très jeunes enfants dont il est question — aussi jeunes que 5, 6 ou 7 ans.

S’adonner passionnément à une activité sportive plus qu’une autre tout au long de l’année ne veut pas dire pour autant que l’on est en train de se spécialiser.

Comment faire la différence?

Dans le monde du sport des jeunes au Canada, la plupart des inquiétudes quant à la spécialisation précoce touchent surtout des sports comme le hockey ou le soccer. Au moindre signe de talent, voilà les parents prêts à délier les cordons de leur bourse pour inscrire leur garçon ou leur fille à des programmes hors-saison.

Du coup, l’enfant pratiquera un même sport pour les 10 ou 12 prochains mois. C’est beaucoup.

Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il se spécialise dans ce sport.

S’il s’adonne à d’autres sports ou activités dans la même période, il a de bonnes chances de trouver un certain équilibre et il n’y a alors pas lieu de crier à la spécialisation. Les risques de blessures ou d’épuisement dus au surentraînement demeurent toutefois; éprouver une fatigue physique, mentale ou émotionnelle sans avoir l’occasion de se reposer pour recharger ses batteries peut s’avérer dangereux.

Que faire comme parent?

L’idée générale est assez simple : si votre enfant — surtout s’il est d’âge primaire — souhaite jouer au hockey durant la saison chaude ou faire plus de soccer ou de danse, c’est merveilleux. Mais cela doit venir de lui. Pas de vous.

Et même si c’est votre enfant qui en fait la demande, vous devriez quand même vous poser quelques questions :

  • Est-ce que mon enfant en veut vraiment plus? Est-ce qu’il ne subit pas plutôt de la pression de la part de son entraîneur ou de ses amis?
  • Si mon enfant en fait plus, aura-t-il encore du temps pour d’autres activités?
  • Si mon enfant en fait plus, risque-t-il de perdre sa motivation et de détester son sport?
  • Si mon enfant en fait plus, quels sont les risques de blessures de surmenage aux genoux, coudes, muscles, ligaments, etc.?
  • Mon enfant gagnerait-il à prendre une pause et faire autre chose?

L’exemple classique d’un jeune qui ne s’est pas spécialisé tôt est celui de la star de basketball Steve Nash. Avant l’âge de 12 ans, il n’avait même pas commencé à jouer au basketball. Une fois au secondaire, il jouait sans arrêt — peut-être 10 ou 12 mois par an si l’on compte toutes les heures passées à jouer entre amis en dehors de l’école.

Peut-on dire que Steve Nash se spécialisait? Peut-être, d’une certaine façon. Et pourtant il s’adonnait à d’autres sports en même temps. En fait, il ne s’est pas vraiment spécialisé au basketball avant l’âge de 14 ans. Et c’était son choix à lui.

Autre point important : s’il a passé des centaines d’heures à jouer au ballon, une grande partie sinon la majeure partie de cet entraînement s’est déroulée en dehors d’une structure organisée. Voilà qui n’est pas anodin. Et répétons-le encore une fois : tout cela s’est passé après qu’il eut atteint l’âge de 12 ans.

Que vous soyez entraîneur ou parent, vous devriez en prendre bonne note.

L’importance de la diversité

Avant qu’il entre au secondaire, les parents de Steve Nash ont fait en sorte qu’il ait accès à une vaste gamme d’activités sportives lorsqu’il était enfant. Il a joué à la crosse et au hockey à différentes périodes du primaire et jouait encore au soccer à la fin du secondaire — il a même remporté un championnat provincial avec son équipe. Nommez un sport au hasard et vous avez de bonnes chances que Steve Nash l’ait pratiqué, à un moment ou à un autre.

Le résultat? Steve Nash a développé des habiletés physiques générales et un goût marqué pour l’activité physique. Et c’est parce qu’il adorait le sport qu’il a continué à en faire.

Les parents s’imaginent souvent que leur enfant deviendra une vedette du sport professionnel s’il se spécialise tôt. Mais c’est, au mieux, un coup de dé. La lecture de cet article sur The Sport Gene, un livre sur le rôle de la génétique dans le sport, vous en convaincra.

Comme un nombre croissant de recherches le démontrent, ce sont plutôt les athlètes multisports qui montent sur le podium, sauf pour certaines disciplines comme la gymnastique et peut-être le patinage artistique.

Si jamais quelqu’un vous dit que votre enfant de 7 ans est un futur champion et qu’il a besoin d’un entraînement spécifique plus poussé, méfiez-vous! La plupart du temps, vous aurez devant vous un entraîneur privé qui cherche à augmenter ses revenus, ou quelqu’un qui rêve de monter l’équipe du tonnerre pour gagner le championnat du comté de St-Meu-Meu chez les moins de 12 ans. Tout un trophée à exhiber lors d’une partie de poker!

Plutôt que de pousser votre enfant à se spécialiser de bonne heure, faites en sorte qu’il prenne goût très jeune à l’activité physique, qu’il essaie plusieurs sports avant l’adolescence. Veillez à ce qu’une grande partie de cette activité ne soit pas structurée; vous vous assurerez ainsi qu’il développe un amour pour le sport tout simplement parce qu’il en aura une expérience agréable. Une expérience qu’il s’appropriera.

Vous verrez bien en temps et lieu où cela le mènera. Tout comme Steve Nash et les autres. Si, parce qu’il s’est spécialisé trop tôt, votre enfant se blesse ou commence à détester son sport, vous ne lui aurez pas apporté grand-chose. Au final, vous n’aurez pas augmenté ses chances de jouer chez les pros.

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