Le sport m’a convaincue d’être moi-même
Ces deux vidéos du comité paralympique canadien – « Ce qui manque n’a aucune importance » et « Au-delà du sport » – m’interpellent.
J’aime leur façon de capturer et de communiquer l’esprit du parasport. Et j’adore leur approche inclusive, porteuse du message quant à la possibilité pour n’importe qui d’être actif et dont tout un chacun peut tirer une leçon. Que nous pouvons, comme le dit si bien mon professeur de yoga, « saluer les étapes de notre vie ».
Et quand bien même la famille voisine fait du vélo en bande ?
Et quand bien même des parents courent des marathons et que leurs enfants sont des as du soccer/baseball/hockey (et des étudiants émérites) ?
Vous vous situez à votre niveau. Si vous possédez une paire de souliers de course (et même si vous n’en avez pas) vous-même et vos enfants pouvez aller vous promener au parc.
Vous pouvez disputer une partie de basketball endiablée en lançant des bas dans le panier à linge.
Vous pouvez installer un parcours d’obstacles d’un autre monde à l’aide des chaises de la cuisine et des coussins du canapé à franchir en sautillant, en sautant et en courant.
Peu importe ce que vous n’avez pas, faites avec ce que vous avez.
Nous pouvons — tant les parents que les enfants —retirer des bienfaits en étant actifs, qui ne se limitent pas au plan physique. Le sport nous oblige à prendre des risques et à nous dépasser, apprendre de nouvelles habiletés, et nous percevoir différemment.
Et ce changement ne vient pas forcément des sports avec un « S » majuscule.
Lorsque j’avais 15 ans, tout allait mal dans ma vie. Mes parents m’ont acheté un vélo bleu flamboyant dans l’espoir que ça m’inspirerait, mais la dernière chose dont je rêvais était d’aller dehors – pour m’exhiber en short et en tee-shirt – et être sportive.
Je n’étais pas seulement « antisportive », j’étais persuadée que les gens me regarderaient et diraient : « Elle fait du sport parce qu’elle essaye de perdre du poids. » (En fait, dans ma tête c’était plutôt hé! Regardez la grosse sur son nouveau vélo. T’as encore du chemin à faire la grassouillette! ») Et wow, que ce sentiment m’irritait.
Après quelques encouragements de la part de ma mère (plutôt du genre « ALLEZ, HOUSTE DEHORS, C’EST LE TEMPS DE FAIRE DU VÉLO »), j’ai commencé à faire une demi-heure de bicyclette dans le parc près de chez nous tous les samedis.
J’avais ma montre. Et au bout de 15 minutes, je faisais immédiatement demi-tour. Aucun risque que je fasse une minute de plus.
Je détestais ça pour mourir.
Mais je ne pouvais renoncer à ce sentiment de bien-être qui m’envahissait. Et pas seulement physiquement; je ressentais un tel accomplissement de soi, juste en effectuant ma petite demi-heure.
Cette demi-heure a tôt fait de se transformer en une heure, et ne s’est plus limitée aux samedis, et un jour j’ai traversé une flaque d’eau (pas la meilleure façon de se servir d’un Miyata à 10 vitesses, je vous l’accorde), mais en retrouvant la piste cyclable je me sentais fichtrement sportive si j’ose dire.
Et en dépassant un couple qui se promenait, j’ai entendu le gars dire en riant : « T’as vu son short? »
Je me souviens encore de son ton moqueur. Mais je me souviens aussi qu’à ce moment-là ça ne m’a fait ni chaud ni froid. Je faisais une super balade et oui, en effet, mon short était un peu juste, et oui je n’étais pas vraiment à la mode et alors quoi ?
Je chéris encore ce moment, car ça a été l’une des premières fois où j’ai été en mesure d’accepter une critique et qui ne m’a pas démoralisée. Parce que croyais en moi et en ce que je faisais. Et ça ne m’a certainement pas donné l’envie d’arrêter de pédaler.
Je ne me souviens pas si j’ai perdu du poids cet été-là, parce que j’avais d’autres préoccupations : croire en moi, croire en mon aptitude à faire une différence dans ma propre vie. Et personne ne peut m’enlever ça.