L’échec, source de la résilience : conseils du triple olympien Neville Wright

L’échec, source de la résilience : conseils du triple olympien Neville Wright

Voici la leçon la plus importante que le bobeur et triple olympien Neville Wright a apprise au cours de sa carrière : la résilience naît de l’échec.

« C’est normal d’échouer et d’être déçu, explique Neville. Mais l’échec nous apprend beaucoup. C’est quand on se sent brisé qu’on renforce sa résilience. C’est comme ça qu’on devient plus fort, plus persévérant. C’est comme ça qu’on progresse. » 

En fait, n’eût été le plus grand échec de sa carrière, Neville n’aurait jamais participé aux Jeux olympiques. Voyez-vous, avant d’être bobeur, il était champion d’athlétisme. 


Rencontrez Neville Wright

Neville Wright est un ancien sprinteur canadien, membre de l’équipe nationale de bobsleigh aux Jeux olympiques de 2010 (Vancouver), 2014 (Sotchi) et 2018 (PyeongChang).

Un échec terrible

Pour réussir au niveau élite international, les athlètes ont besoin d’au moins trois choses : un talent, une passion et une chance incroyables. 

Malheureusement, la chance a abandonné Neville en 2008. 

Après une année record, le jeune sprinteur canadien était en voie de décrocher une place dans l’équipe olympique. Il cumulait une saison universitaire parfaite, la première place à un championnat national, et une médaille de bronze aux Jeux mondiaux universitaires.

Mais Neville a encaissé une défaite cuisante en amont des essais olympiques.    

« Je pensais que j’assurais. J’ai franchi la ligne, et mon temps s’est affiché. J’ai raté la qualification par deux centièmes de seconde. Ça m’a complètement détruit. J’ai erré autour de la piste, complètement perdu. J’étais désorienté. Je ne savais plus quoi faire. J’ai juste pensé : Je n’arrive pas à croire que ça m’arrive à moi. »

Ce moment a mis un terme à sa carrière de sprinteur, mais pas à son rêve olympique. 

Une occasion inespérée

C’est son entraîneur, Quin Sekulich, qui lui a conseillé d’essayer le bobsleigh. Au départ, Neville n’était pas très emballé.

« C’est un sport d’hiver. Pas question que je fasse ça. Je déteste avoir froid. », a-t-il répondu. 

Finalement, il a quand même décidé de se lancer. Il a rapidement constaté que sa vitesse était un atout. Grâce à son explosivité, Neville fut la recrue avec la meilleure vitesse de départ. 

« C’était un sport complètement nouveau pour moi, je n’y connaissais rien et j’étais encore déçu d’avoir raté les Jeux d’été. Mais je savais que je ne pouvais pas me permettre d’avoir un pied dedans et un pied dehors. Je devais me donner entièrement, et c’est ce que j’ai fait. J’ai participé au camp olympique. Je me suis qualifié au mois d’octobre, et en février, j’étais à mes premiers Jeux. »”

Ce brusque retournement de situation ne s’est pas fait sans effort. Si le sprint lui a donné la vitesse nécessaire pour le bobsleigh, il lui manquait la force. « J’étais fort pour un coureur, mais quand je suis passé au bobsleigh, je me suis retrouvé avec des gars qui étaient vraiment à un autre niveau », se rappelle Neville. 

Au début, il avait du mal à soulever les poids, mais son corps s’est vite adapté. « Ce qui m’a aidé, explique-t-il, c’est que je me concentrais uniquement sur mes progrès et pas ceux des autres. Je voulais juste repousser mes limites. » 

Neville accusait un retard sur ses coéquipiers, mais grâce à cet état d’esprit, il ne s’est pas laissé décourager. Il était déjà assez rapide. Pour réussir, il ne lui restait qu’à développer sa force.


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Leçons de vie

Après trois participations aux Jeux olympiques (2010, 2014 et 2018) et quatre podiums de coupe du monde, Neville a pris sa retraite du bobsleigh à 38 ans. 

Maintenant, il applique les leçons qu’il a tirées du sport – la discipline, la poursuite d’objectifs, la concentration, la persévérance et la résilience face à l’échec – à ses trois grandes passions : la massothérapie, l’animation de conférences et l’entraînement

Neville a deux jeunes enfants, mais il n’a pas l’intention de les pousser à pratiquer un sport organisé.  

« En tant que père, mon rôle est de les guider, mais c’est à eux de choisir ce qu’ils veulent faire. Ils auront tout le temps d’en faire leur travail. Pour l’instant, il faut les laisser s’amuser. »

Trois conseils pour les parents de sportifs

1. N’empêchez pas les enfants de connaître l’échec et la déception

La résilience c’est comme un muscle : ça s’entraîne. La musculation cause des microdéchirures. Quand le muscle cicatrise, il grossit et devient plus fort et plus résilient. De même, l’expérience de l’échec – et le processus de guérison – renforcent la résilience. Il faut souffrir pour devenir meilleur.

« Après un échec cuisant, on touche le fond du baril pendant un moment, puis on en sort plus fort », explique Neville.

2. Les enfants n’ont pas besoin de commencer à un jeune âge pour réussir

Neville a commencé à envisager une carrière d’athlète à 14 ans, mais il a seulement commencé à s’entraîner sérieusement au début de la vingtaine. Enfant, il adorait bouger et tout ce temps passé à courir, sauter, grimper et jouer au parc a développé son agilité et sa vitesse.   

« J’aimais surtout bouger. Je n’avais pas forcément le goût de me spécialiser dans un seul sport », indique Neville. 

3. Pas besoin de se ruiner pour faire du sport

« Je n’avais pas les moyens de participer au sport organisé, je pouvais juste faire des activités gratuites. Mais je n’ai rien manqué. On avait toujours l’occasion de jouer dans mon quartier », se rappelle Neville.    

Il était toujours partant, quel que soit le sport – des jeux d’enfants comme « Feu rouge, feu vert », « le jeu du mouchoir » et « la tag » aux matchs improvisés de hockey, de basketball, de baseball ou de soccer.  

Neville, qui courait plus vite que son ombre, s’est vite fait une réputation : « Les autres voulaient faire la course, mais je les battais toujours à plate couture », explique-t-il en souriant.

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