Pourquoi j’ai décidé de ne plus crier à l’aréna

Pourquoi j’ai décidé de ne plus crier à l’aréna

Si vous vous rendez dans n’importe quel aréna de hockey, vous constaterez rapidement que ça crie beaucoup. Les entraîneurs crient, les joueurs crient, mais souvent, ceux qui hurlent le plus fort sont les parents dans les estrades.

Mais crier après de jeunes joueurs de hockey (ou après n’importe quel athlète), est-ce une bonne idée?

En tant que papa de deux enfants qui ont joué à plusieurs sports d’équipe et entraîneur de hockey mineur, j’ai décidé très tôt que je ne crierais jamais après des enfants lorsqu’ils jouent.
Le hockey est un sport difficile à apprendre. Il faut développer des habiletés très complexes, par exemple patiner tout en maniant la rondelle avec un long bâton, et coordonner ses actions avec ses coéquipiers. Ça fait déjà beaucoup d’informations à assimiler pour un jeune joueur. Lui crier des directives ne fera que compliquer les choses.

En tant que conseiller en psychologie sportive auprès d’olympiens et d’athlètes professionnels, je peux vous affirmer que la science est claire à ce sujet : les distractions extérieures comme les cris des spectateurs nuisent à la concentration des athlètes. Si c’est vrai pour un sportif de calibre mondial, imaginez pour un jeune qui apprend son sport.

Les parents doivent absolument comprendre qu’en s’époumonant dans les estrades, ils risquent non seulement de déconcentrer leur enfant, mais aussi de leur enlever le plaisir de jouer. Personnellement, j’ai décidé d’arrêter de crier après avoir pris connaissance de deux faits et répondu à deux questions.

Fait #1 : Les enfants entendent tous les cris.

Pendant 30 ans, j’ai demandé aux athlètes d’élite auprès de qui je travaille s’ils entendent les cris de la foule. Réponse typique : « Oui, mais ça ne me dérange pas. Ce n’est que du bruit de fond. » À l’époque où j’étais entraîneur de basketball au secondaire et de hockey mineur, je posais la même question à mes joueurs. Leur réponse? « J’entends les cris, mais la plupart du temps, ça ne me dérange pas. »

Alors trêve d’illusions : le mythe selon lequel les enfants sur la glace n’entendent pas les cris des estrades est faux. Dans la majorité des cas, ils sont en mesure de les ignorer. Mais parfois, c’est une distraction.

Fait #2 : Les enfants reconnaissent la voix de leurs parents.

Tous les athlètes, débutants comme professionnels, apprennent à composer avec le bruit ambiant lors d’un match ou d’une compétition, mais certains bruits bien précis peuvent déranger même les plus grands champions. Souvent, il s’agit d’un son qu’ils appréhendent grandement.

Par exemple, un golfeur professionnel peut arriver à ignorer la clameur de la foule, mais le son d’une caméra peut le déranger. Un joueur de basketball peut réussir un lancer franc alors que des milliers de spectateurs tentent de le déconcentrer, mais être déstabilisé par un seul commentaire d’un partisan sur les lignes de côté reconnu pour ses invectives.

Le même principe s’applique à un athlète de huit ans, peu importe le sport ou l’activité qu’il pratique. Il pourra rester concentré dans un environnement bruyant, sauf s’il reconnaît une voix familière. C’est particulièrement vrai si cet enfant craint d’avoir honte. Votre voix s’élèvera au-dessus des autres et peut le déconcentrer.

Avant de crier dans les estrades, posez-vous deux questions.

Le hockey mineur devrait être axé sur les deux choses que les enfants veulent plus que tout : s’amuser et s’améliorer. Vous assistez à un match et vous vous apprêtez à crier? Posez-vous d’abord ces deux questions :

  • Mes cris empêchent-ils mon enfant d’avoir du plaisir?
  • Mes cris empêchent-ils mon enfant de s’investir complètement dans le développement de ses habiletés?

Si vous répondez « oui » (ou n’avez pas répondu par un « non » convaincu) à l’une des questions, alors évitez de crier. C’est simple.

Ce qu’il faut dire à l’aréna.

Je ne dis pas que les parents doivent garder le silence lors des matchs. On peut bien sûr encourager les jeunes avec enthousiasme. Mais je crois que si on veut que nos enfants aient du plaisir et restent concentrés afin de pouvoir s’améliorer, il faut prendre soin de choisir les bons mots et de les dire au bon moment.

Quand et comment encourager son enfant de manière pertinente et positive.

  1. Gardez le silence pendant que le jeu est en cours. Évitez de crier des directives comme « Patine! », « Tire! » ou « Passe! ». L’enfant pourra ainsi se concentrer sur son match et sur la lecture du jeu.
  2. Vous pouvez applaudir les bonnes actions (un but, une jolie passe ou un bel effort), mais faites-le pour tous les joueurs : votre enfant et ses coéquipiers, mais aussi les joueurs de l’équipe adverse.
  3. Entre les coups de sifflet, saluez les efforts et les marques d’esprit sportif de tous les joueurs (voir le point précédent).
  4. Ne critiquez jamais les joueurs, les entraîneurs et les arbitres. Jamais.
  5. Après le match, surtout lors du retour à la maison, prononcez ces six mots : « J’adore te voir jouer. »

Le hockey est l’un des sports les plus excitants qui soient, surtout lorsqu’on regarde son enfant à l’œuvre. En tant que parents, il ne faut pas oublier de laisser nos jeunes hockeyeurs avoir du plaisir et s’améliorer. Il faut surtout se rappeler que nos paroles et nos actions dans les estrades influencent ce qu’ils vivent sur la glace.

Après avoir constaté les faits, j’ai choisi de ne plus crier, sauf lorsque mes encouragements sont positifs et pertinents. Plus les enfants ont du plaisir et peuvent s’améliorer sans pression, plus ils sont susceptibles de jouer au hockey toute leur vie durant.

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