Parents-rois dans le sport : les jugeons-nous trop vite?

Parents-rois dans le sport : les jugeons-nous trop vite?

En début d’année scolaire, le Journal de Montréal a publié un article sur les parents-rois à l’école et dans les sports. Entraîneurs, officiels, responsables des clubs sportifs et enfants se plaignent que les parents sont maintenant rois partout. Ont-ils raison? Est-ce que les parents vont trop loin? Est-ce que les parents sont jugés trop vite? Actif pour la vie a voulu voir les deux côtés de la médaille.

Un passage de l’article a particulièrement retenu notre attention :

« Ils font pleurer de jeunes arbitres, gueulent contre des enfants qui ratent le filet, harcèlent les entraîneurs. Il n’y a pas qu’à l’école que les parents-rois sévissent: ils sont aussi de coriaces gérants d’estrade lorsqu’ils se mêlent du sport que pratique leur enfant. »

Un de nos partenaires, André Lachance, gérant des opérations et entraîneur-chef de l’équipe nationale féminine de Baseball Canada, mais surtout papa d’enfants actifs, s’est entretenu avec nous à la suite de cette parution et des réactions vives qu’elle a suscitées sur les réseaux sociaux.

Que pensez-vous de cet article – est-ce qu’il reflète la réalité?

Comme parent, j’ai fréquemment vu ce type de mères et de pères dans les estrades, sur les lignes de touche, qui hurlent et jugent les entraîneurs, les arbitres et les enfants trop rapidement. Par contre, comme entraîneur, je me suis posé cette question : jugeons-nous trop rapidement ces parents? Est-ce que nous avons pris la peine de leur expliquer les règles du jeu, les objectifs que les entraîneurs établissent pour leurs enfants et le rôle clé joué par l’entraîneur dans le développement des habiletés des jeunes athlètes, les responsabilités de l’officiel dans le déroulement du jeu? Ma réponse est non, sans aucun doute.

Nous avons trop souvent le réflexe de blâmer rapidement les parents agissant comme spectateur. Je ne veux pas ici justifier les comportements déviants de certains, mais je crois que nous devons être plus proactifs afin de trouver des pistes de solution au lieu de s’attarder uniquement aux problèmes rencontrés.

Je suis entraîneur de l’équipe nationale féminine de baseball et j’ai entraîné à tous les niveaux du baseball organisé, mais j’ai également entraîné l’équipe de soccer de mes enfants, au niveau local et régional. Voici quelques trucs que j’ai utilisés à quelques reprises, et qui se sont avérés très efficaces pour faire en sorte que les parents travaillent avec les entraîneurs et le sport au lieu de l’inverse :

  • Préparer une rencontre de parents en début de saison afin d’expliquer les objectifs, les habiletés qui seront privilégiés selon le stade de développement des jeunes athlètes et selon leur degré de maturation, les éduquer sur le développement à long terme d’un athlète et les règles de base du jeu. Bref, exposer les parents à la philosophie générale de l’entraîneur. La réunion des parents est primordiale.
  • Préparer un code de conduite des parents, des entraîneurs, des officiels et des joueurs et faire signer chacune de ses parties. Vous pourrez toujours en faire des rappels en cours de route.
  • Lors d’une pratique, laissez vos assistants-entraîneurs exécuter le plan de séance et passez du temps avec les parents dans les estrades. Expliquez-leur le déroulement de la pratique et ses objectifs. Vous serez fasciné de voir comment les critiques diminueront.
  • Aux États-Unis, il y a quelques années, une association de soccer a lancé les « dimanches en silence » (Silent Sunday). Les parents sont invités à venir regarder le match, mais ils doivent garder le silence tout au long de la pratique ou du match, selon le cas. Les enfants disent que c’est la plus belle journée de la semaine.
  • Instaurer une zone sans parent, par exemple, près des bancs des joueurs.
  • Présenter les arbitres aux spectateurs avant la partie : prénom, âge, ce qui les passionne dans le sport, etc. On oublie parfois que l’officiel est un jeune avec peu d’expérience. Comme tous les enfants durant le jeu, l’officiel fera également des erreurs.

Qu’aimeriez-vous dire aux parents afin qu’ils puissent faire partie de la solution?

Prenez plaisir à assister aux entraînements et aux parties de vos enfants. Faites confiance aux entraîneurs et aux arbitres qui entourent vos enfants. Dans la plupart des cas, les entraîneurs et les officiels ont reçu une formation afin de bien jouer leur rôle. Nous avons probablement l’une des meilleures structures de formation d’entraîneurs au monde. S’ils n’ont pas encore mis de l’avant quelques trucs pour mieux vous expliquer leurs objectifs, prenez l’initiative de mettre en place une rencontre de parents pour les aider. Appuyez-les dans leurs décisions. Rappelez-vous que l’objectif premier de la pratique du sport est de faire en sorte que vos enfants demeurent actifs pour la vie tout en développant un vaste répertoire de mouvements qu’ils pourront utiliser avec confiance dans d’autres contextes et environnements.

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