Stimuler le jeu libre, actif et créatif grâce aux terrains de jeu naturels

Stimuler le jeu libre, actif et créatif grâce aux terrains de jeu naturels

Partout au Canada, un nombre croissant de garderies et d’écoles proposent des terrains de jeu naturels qui, contrairement aux espaces ayant des structures de jeu en métal ou en plastique, tirent profit d’éléments et d’aménagements naturels pour stimuler le jeu libre et créatif favorisant la découverte et l’exploration.

Actif pour la vie s’est entretenu avec les responsables de deux centres de la petite enfance sans but lucratif afin d’en savoir plus sur les changements qui ont récemment été apportés à leurs aires de jeu extérieures et sur les moyens pris pour que les enfants explorent, s’adonnent au jeu actif et cultivent une relation saine avec la nature.

Revelstoke : revenir à l’essentiel

Linda Chell est la directrice générale de la Revelstoke Child Care Society (version anglaise) en Colombie-Britannique. L’été dernier, le centre de la petite enfance de l’organisme, Stepping Stones, a ouvert un terrain de jeu naturel qui encourage le jeu risqué et favorise la littératie physique. Le centre avait déjà deux aires traditionnelles, mais ses éducateurs voyaient le potentiel d’un grand terrain vague accessible depuis deux des locaux de l’établissement.

Du matériel de jeu naturel

Dès les premières discussions avec le personnel, il était évident que tout le monde souhaitait ardemment revenir à l’essentiel, c’est-à-dire du matériel de jeu naturel et un espace qui s’harmoniserait avec le paysage montagneux de la communauté.

En collaboration avec l’entrepreneur Little Big Works, on a donc créé un espace visant à inspirer la créativité et qui donnerait aux enfants – tant des bébés que des enfants d’âge scolaire – la chance de bouger, d’expérimenter et de s’amuser, peu importe les conditions météo.


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Au centre de cet espace, on trouve une boussole, entourée de rondins plantés dans le sol à diverses profondeurs, dans laquelle des rondins ayant fait l’objet de dons indiquent les points cardinaux. Non loin, il y a deux buttes recouvertes de trèfle où les enfants peuvent ramper et glisser en hiver. On y a intégré une double glissade sur l’une d’elles, et un chemin de grosses pierres relie les deux sommets. Autre élément important : le gigantesque érable sculptural qui a été récupéré du parc municipal voisin puis « replanté » à l’envers.

« Rod et Dave de Little Big Works, voyant qu’il allait être coupé, nous ont demandé s’il était possible de le réutiliser dans notre terrain, explique Mme Chell. Il est maintenant un point central qui offre énormément de possibilités de jeu libre. »

Des expériences multisensorielles

On trouve aussi dans le terrain de jeux des billots sur lesquels les enfants peuvent rouler et se tenir en équilibre tout en développant la force du tronc, une cuisine de boue propice aux expériences multisensorielles (ex. : toucher et sentir), des tonneaux d’eau, un tunnel en bois et des tables à pique-nique naturelles. Enfin il y a deux aires couvertes où les enfants peuvent se protéger du soleil en été et se mettre à l’abri des importantes chutes de neige que reçoit la région en hiver.

Lors de l’ouverture du terrain de jeu, les enfants, qui en avaient suivi la progression, se sont dispersés.

« C’était fascinant et réjouissant de les voir ainsi explorer le terrain et les matériaux naturels, mais les enfants et éducateurs ont réalisé qu’il y aurait une certaine période d’apprivoisement, raconte Mme Chell. Le gros érable a été source de quelques genoux éraflés, car grimper sur de l’écorce est bien différent que de monter sur un module en plastique. »

Les éducateurs ont remarqué que les matériaux naturels éveillaient la curiosité des enfants et que ces derniers étaient plus confiants, collaboraient davantage entre eux et développaient leur littératie physique.


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Des environnements où l’on peut jouer en tout temps

Contrairement aux modules de jeu traditionnels, qui souvent ne peuvent être utilisés toute l’année en raison de leur hauteur de chute ou de leur surface qui devient glacée ou inégale, les espaces naturels sont accessibles peu importe les conditions météo.

Faire mieux avec moins à Hamilton

La nouvelle aire de jeu extérieure du Kiwanis Boys and Girls Club de Hamilton est bien plus qu’un terrain de jeu : c’est un environnement multisensoriel conçu pour la découverte.

Janice Morgan, directrice des services à la petite enfance du Boys and Girls Clubs of Hamilton décrit le nouvel espace pour bébés et tout-petits comme le fruit d’une « approche où l’on veut faire mieux avec moins et assurer une expérience extérieure la plus naturelle possible. »

Depuis l’ouverture en décembre 2018, les éducateurs ont remarqué chez les enfants une amélioration du développement et un amour naissant de la nature, explique-t-elle.

« Nous voulions renouer avec le concept de jeu risqué et en plein air. Les enfants étaient fascinés et curieux : quand ils ont découvert le nouveau terrain de jeu, leurs visages se sont illuminés. »

L’imagination et la coopération au rendez-vous

Délaissant les jouets porteurs et les espaces fixes traditionnels, l’organisme a fait appel à Bienenstock Natural Playgrounds (version anglaise) pour concevoir et construire un environnement qui encourage le jeu imaginatif et contribue au développement de la petite enfance.

Divers types de surfaces de sol, par exemple du gazon ou des copeaux de bois, stimulent les sens, tandis que les hauteurs variables et les matériaux procurent des défis physiques progressifs. L’endroit surnommé affectueusement « la cour de boue », lui, incite à la collaboration et favorise les capacités langagières.

Bassins à boue, billots et buttes

Mme Morgan raconte comment le bassin à boue a évolué au fil des ans et à quel point les enfants y sont attirés : « C’est fantastique de constater ce niveau d’engagement chez nos jeunes; les éducateurs observent comment ils interagissent avec l’environnement puis leur emboîtent le pas. Les enfants font semblant de faire du jardinage, ou l’un d’eux s’écriera “J’ai trouvé un ver de terre!”. »

Billots enfoncés, arbustes pour jouer à la cachette, souches et petites buttes sont tous des éléments qui invitent au jeu physique et créatif. Même pour les enfants qui ne marchent pas encore, le fait de grimper les petites buttes et de toucher à l’herbe bâtit la confiance et procure beaucoup de plaisir.

Le terrain de jeu propose aussi un tableau où les enfants peuvent dessiner, tandis que les sièges à proximité offrent un lieu de rencontre naturel pour les activités de groupe.

Des enfants plus calmes et des éducateurs plus heureux

Mme Morgan explique que les éducateurs apprécient eux aussi le nouvel espace. Ils affirment que les enfants sont plus calmes et que leurs interactions avec eux sont plus fréquentes et profondes.


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Quelques conseils pour créer une aire de jeu naturelle

Mmes Chell et Morgan ont des suggestions pour les centres de la petite enfance et les organismes communautaires qui voudraient créer des terrains de jeu naturels.

Linda Chell propose de recueillir les idées des personnes qui utiliseront cet espace, de faire affaire avec un entrepreneur de confiance et de chercher des options « simples et économiques », par exemple des dons d’entreprises locales.

« Mobilisez des parents bénévoles, construisez une cuisine de boue à partir de palettes en bois et cessez d’acheter des jeux en plastique, recommande-t-elle. Et n’oubliez pas que la boue et l’eau, c’est gratuit! Attendez-vous à une période d’adaptation et assurez-vous que les enfants ont des vêtements de rechange. »

Janice Morgan, quant à elle, souligne l’importance de viser la simplicité et de tenir les éducateurs et les parents au courant de la planification et de la construction. Expliquer les avantages des expériences extérieures et du jeu risqué et présenter des ressources et des études sur leurs bénéfices pour la santé peut aussi dissiper toute inquiétude, ajoute-t-elle.

« Il y va de notre intérêt de rétablir le lien brisé entre nos jeunes et la nature, non seulement car l’esthétique et la justice l’exigent, mais aussi car notre santé mentale, physique et spirituelle en dépend. »

– Richard Louv, Last Child in the Woods

Crédit photo : Revelstoke Child Care Society

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