6 secrets pour élever des filles actives et sûres d’elles

6 secrets pour élever des filles actives et sûres d’elles

Enfant, je n’étais pas une grande sportive. Pendant ma jeunesse dans les années 1980 (une époque où « tu lances comme une fille » était encore considéré comme une insulte), j’étais rarement sélectionnée dans les équipes sportives de mon école primaire (et quand je l’étais, je passais mon temps à réchauffer le banc).

Ce n’est pas que j’étais inactive – après tout, je faisais du vélo et de la corde à danser, en plus de suivre des cours de natation –, mais bon nombre des fondamentaux de la littératie physique (les habiletés nécessaires pour exceller dans le sport organisé) m’échappaient.

Même si j’ai quitté l’enfance depuis 30 ans, les stéréotypes concernant les filles dans le sport et la difficulté de les faire bouger sont toujours d’actualité.

« Voilà les idées et les caractéristiques qu’on associe à la féminité. Faut-il donc s’étonner des manques qu’on perçoit souvent chez les jeunes filles en matière de littératie physique? Elles craignent de ne pas paraître féminines », explique Gabriela Estrada, la force derrière le projet de littératie physique pour les filles de Motivate Canada (LPFMC).

Dans le cadre de son travail avec Motivate Canada, Mme Estrada – elle-même une grande sportive – a su transmettre à de nombreuses jeunes filles les habiletés physiques et la confiance nécessaires pour essayer de nouveaux sports, se joindre à des équipes de compétition et inciter leurs amies à faire de même.

Dans notre monde technologique au rythme effréné où les médias nous bombardent de messages contradictoires au sujet de notre apparence et de l’exercice physique, certains parents hésitent à encourager leurs filles à être actives. Voici donc quelques conseils de Mme Estrada qui vous aideront à élever des filles actives et sûres d’elles-mêmes.

1. Connaître les notions de base de la littératie physique

La littératie physique commence avec les habiletés motrices dont tous les enfants ont besoin, comme courir, bondir, lancer, attraper et sauter. Au-delà du temps de course de l’enfant ou de la qualité de son jeu sur le terrain, l’accent est mis sur son développement complet. Une fois cette première série d’habiletés motrices acquises, l’enfant aura la confiance nécessaire pour participer à une multitude d’activités, de sports et de jeux.

Pour commencer, Mme Estrada suggère aux parents de consulter des ressources qui les aideront à jauger la littératie physique de leur fille, comme l’outil d’évaluation physique PlayFUN, de l’organisme Au Canada le sport c’est pour la vie.

Ensuite, vous pourriez visiter le site Web d’Actif pour la vie, qui contient une foule de ressources, de conseils et de jeux gratuits pour aider votre fille à développer sa littératie physique. Mme Estrada rappelle aux parents de toujours accorder la priorité au plaisir et leur suggère d’intégrer les exercices et activités à des jeux.

2. Proposer aux jeunes filles des modèles réalistes

Selon Mme Estrada, bien que les athlètes de haut niveau soient très inspirantes, certains des meilleurs modèles à suivre pour les jeunes filles sont simplement des femmes passionnées par la littératie physique et par le fait d’aider les gens à rester actifs, comme des mères ou des enseignantes.

« Il faut leur montrer que les athlètes féminines ne ressemblent pas toutes aux filles qu’on étale sur la couverture des magazines et dans les médias sociaux, qu’elles n’ont pas toutes des abdos d’enfer et ne s’entraînent pas toutes trois heures par jour, affirme-t-elle. Donnez-leur en exemple des gens qu’elles connaissent ou qui sont déjà dans leur vie. »

Parmi ses modèles, Mme Estrada cite Shauna Harrison, athlète multisports détentrice d’un doctorat en santé publique, et Christine Sinclair, capitaine de l’équipe canadienne de soccer.

3. Profiter du jeu libre pour faire découvrir aux filles une nouvelle façon de bouger

Notre dépendance accrue à la technologie aurait-elle quelque chose à voir avec le déclin du jeu libre et de la littératie physique? Selon Mme Estrada, ces deux phénomènes sont liés.

« Notre société est très axée sur la technologie et pas assez sur le monde du jeu libre. Il est donc d’autant plus important d’encourager les jeunes filles à jouer et à s’amuser », soutient-elle.

Vous avez des sueurs froides à l’idée d’inscrire votre fille à une tonne de sports parascolaires? Rassurez-vous! L’activité physique et le jeu libre n’ont pas à être compliqués ou dispendieux. Des activités comme promener le chien, jouer au soccer ou se lancer le frisbee pendant la récréation sont autant de façons d’intégrer le jeu libre.

4. Trouver à votre fille un endroit pour faire de l’exercice où elle se sente bien et en sécurité

« Il arrive fréquemment que les filles n’ont nulle part où elles se sentent à l’aise de faire de l’activité physique. Souvent, elles sentent qu’elles n’ont pas leur place parce qu’elles n’ont pas le bon look ou ne font pas les bons gestes », soutient Mme Estrada.

Selon elle, malgré les campagnes publicitaires positives sur l’apparence physique, la société n’encourage pas assez les filles à faire de l’activité physique, à développer leur littératie physique et à se sentir bien dans leur corps.

« Ce qu’on voit encore et toujours, ce sont des filles qui paraissent bien, qui sont jolies, qui s’habillent bien et qui sentent la rose plutôt que des filles qui travaillent fort, qui suent et qui osent se salir. On met beaucoup trop l’accent sur l’esthétique et sur le poids et pas assez sur ce que le corps peut faire lorsqu’il est bien alimenté et qu’on le met à l’épreuve. »

On pourrait penser que les cours de gymnastique sont parfaits pour introduire les filles à la littératie physique, mais selon Mme Estrada, ils peuvent aussi être source de stress. Pour accroître la confiance des filles, il n’y a rien comme des cours en petits groupes auxquels les filles et les femmes de leur famille peuvent participer.

« Donnez-leur la chance de bien découvrir ce que leur corps peut faire avec la littératie physique, loin de la peur des notes et de l’échec », conseille Mme Estrada.

5. Initier les filles à la course

« À mon avis, le plus grand défi pour les filles du point de vue de la littératie physique, l’habileté cruciale qu’elles s’imaginent ne pas pouvoir ou vouloir faire, est la course », confie Mme Estrada en ajoutant que même les membres de son équipe de soccer redoutent les exercices de course.

« La course est à la portée de toute femme en santé, mais beaucoup préfèrent s’en tenir loin parce qu’elles croient que ce n’est pas pour elles ou que leur corps n’est pas fait pour ça, ou alors parce qu’elles ne veulent pas suer ou travailler aussi fort. »

Pour rendre l’idée de courir amusante, Mme Estrada a entraîné un groupe d’athlètes du projet LPFMC en vue d’une course à obstacles dans la boue. Au lieu de dire à votre fille « N’oublie pas d’aller courir! », inscrivez-vous à une course avec elle et faites-en un objectif qui la tiendra motivée et lui donnera le goût de courir.

6. Être un modèle d’attitudes et de comportements sains pour sa fille

« Les mères sont souvent les femmes les plus importantes dans la vie de leurs filles, en plus d’être souvent leur principal modèle. C’est pourquoi il est essentiel que les mères fassent montre des traits de caractère, des habitudes, de la morale et des valeurs qu’elles veulent communiquer à leur enfant », insiste Mme Estrada.

Bien manger, bien dormir et se réserver un moment dans la journée pour faire de l’activité physique sont autant de façons pour les mères d’encourager leurs filles à être actives pour la vie.

« Les mères peuvent aussi donner l’exemple en montrant qu’on n’est jamais trop vieille pour apprendre ou pratiquer un sport. Montrez à votre fille que peu importe l’âge, on peut continuer à être active », conclut Mme Estrada.

Ce printemps, ma fille m’a demandé de retirer les petites roues de son vélo. Depuis, elle passe chaque soirée dans notre entrée à vaciller et à tomber, en se relevant toujours, déterminée à réussir. En la voyant faire ces efforts, je me rends compte que tout ceci dépasse le simple vélo. Comme le dit si bien Gabriela Estrada :

« Abattons les obstacles, abattons les stéréotypes. Comment? En nous concentrant sur la motricité et la littératie physique, en donnant à nos filles des occasions de réussir et en créant des jeunes filles plus en santé physiquement et mentalement. »

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