L’implication des parents dans les activités sportives de leurs enfants : réflexions d’une chercheuse

L’implication des parents dans les activités sportives de leurs enfants : réflexions d’une chercheuse

Note de l’éditeur : Cet article est une re-publication de 2017, mais est toujours d’actualité.

Lorsque vient le temps pour les parents d’appuyer leurs enfants dans leurs activités sportives, ils sont bien souvent condamnés à échouer, estime la chercheuse britannique Camilla Knight, et cet échec est en grande partie attribuable aux organisations sportives elles-mêmes, qui devraient modifier leur approche si elles veulent favoriser une participation parentale positive.

« Il est probable que la façon dont les parents interagissent et réagissent des lignes de côté résulte, à tout le moins en partie, de leur engagement en dehors des compétitions », explique Camilla Knight, professeure agrégée en psychologie sportive à l’Université de Swansea au Royaume-Uni.

Tout part « de la professionnalisation et de la privatisation croissantes du sport jeunesse », note-t-elle. De nombreux enfants, tant en Angleterre qu’en Amérique du Nord, sont encouragés par leurs parents et entraîneurs à s’investir dans un sport dès leur plus jeune âge. Par le fait même, les parents sont eux aussi amenés à faire d’importants investissements de temps et d’argent dans les activités de leurs enfants, et sont déjà souvent vendus à l’idée qu’ils ont du potentiel ou sont doués pour leur sport.

Bien sûr, un enfant peut avoir ou pas les aptitudes pour devenir une grande vedette sportive, mais une chose est certaine selon la chercheuse, c’est qu’il y a souvent une perception que les « bons parents » inscrivent leurs enfants à des activités structurées organisées par des adultes, parce qu’on estime fréquemment qu’elles sont plus sûres que celles de jeu libre auxquelles ils avaient l’habitude de s’adonner auparavant. Knight, qui a terminé son doctorat à l’Université de l’Alberta à Edmonton, croit que lorsque les enfants s’engagent dans un sport, le prix à payer peut malheureusement s’avérer élevé pour leurs parents.


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Ce prix varie et comprend tout d’abord l’engagement financier qui est souvent considérable et peut augmenter rapidement dans de nombreux sports si l’on tient compte des frais à payer pour les tournois, les voyages, l’équipement et l’entraînement. Ensuite, d’autres coûts moins quantifiables viennent s’ajouter à la dépense monétaire. Les parents avec lesquels Knight s’est entretenue ont évoqué le stress de ne pas passer suffisamment de temps avec leur famille et leurs autres enfants, la pression « de ne pas progresser dans leur vie professionnelle, de négliger leur vie sociale, ainsi que le stress d’avoir à supporter le poids émotif de la gestion des compétitions et d’adopter la bonne attitude face à leur enfant dans un contexte souvent chargé d’émotions. » Le fait pour un parent de simplement se demander s’il prend la bonne décision pour son enfant s’avère aussi un facteur de stress non négligeable.

« C’est pour cette raison que les choses doivent changer, explique la chercheuse. Mon expérience et les recherches montrent que lorsque les gens commencent à étudier le comportement des parents ou à essayer de le corriger, ce sont malheureusement les parents qui sont mis en cause sans que l’on s’attarde vraiment à ce qui peut les pousser à agir ainsi. » La démarche actuelle consiste à « blâmer et punir » les parents pour leur mauvaise conduite, par exemple crier après les arbitres ou leur enfant. Knight ne défend pas ces comportements, mais affirme qu’il est essentiel de comprendre de quels facteurs ils découlent.

La plupart des parents comprennent qu’il n’est pas convenable de crier après un arbitre. « Alors s’ils le savent et qu’ils continuent de le faire, nous devons chercher à comprendre pourquoi, explique-t-elle, et nous demander de quelle façon modifier l’environnement et la culture pour éliminer les facteurs à l’origine de ces comportements. »

Selon la chercheuse, la transformation ne se fera pas du jour au lendemain, mais ce qu’elle propose nécessite un changement de culture dans le sport. Elle note par ailleurs que certaines mesures pourraient amorcer un changement :

  1. Les parents doivent réfléchir aux demandes qui leur sont faites, puis identifier les stratégies à adopter pour gérer ces demandes. Mais surtout, « ils doivent commencer à prendre conscience de leur valeur. »
  2. Les éducateurs et entraîneurs doivent prendre le temps de montrer aux parents qu’ils apprécient leur présence et leur apport et qu’ils aiment connaître leur point de vue.
  3. Dernier point, mais non le moindre, nous devons examiner d’un œil critique le contexte sportif actuel, et nous demander si certains correctifs pourraient venir faciliter la vie des parents et celle des enfants.

Après tout, des parents heureux contribuent à bâtir des équipes heureuses et l’objectif ultime devrait être la création de milieux au sein desquels les parents s’impliquent et sont encouragés à s’impliquer.

« Des parents mieux compris et mieux appuyés seront en meilleure posture pour à leur tour soutenir leurs enfants, explique Camilla Knight, et les enfants seront en bout de ligne plus susceptibles de vivre des expériences agréables et positives. »

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