Quand mon fils était petit, il adorait courir après un ballon et lui donner des coups de pied. Juste avant son quatrième anniversaire, avec les conseils de quelques amis ayant des bambins sportifs, je l’ai inscrit à un camp de soccer.

Il était tellement excité lorsque nous avons récupéré son chandail d’équipe et ses chaussettes le premier jour, mais lorsque je suis allée le chercher à la fin du camp, son humeur avait changé. Bien qu’il ait fait de son mieux à l’entraînement, il ne voulait pas revenir.
Il m’a regardé et m’a dit : « Maman, je veux juste jouer. »
Il me semblait incroyable qu’après une seule session, il doutait de ses capacités ainsi que de son intérêt pour le sport en général… après une seule pratique de soccer.
Les camps sportifs sont axés sur le renforcement des compétences
Les camps sportifs sont généralement conçus pour l’acquisition de compétences de base, pour que les enfants soient à l’aise avec les règles du jeu et pour encourager les enfants à aimer le sport. Mais trop souvent, le plaisir est perdu car les enfants répètent les activités et participent à des sessions d’entraînement, sans grande occasion de simplement rire et jouer sans suivre un programme d’entraînement structuré.
Souvent, les enfants sont déjà en compétition les uns contre les autres, et très tôt, ceux qui ont du potentiel sont identifiés—ce qui signifie que ceux qui n’en ont pas comprennent rapidement qu’ils ne sont peut-être pas aussi bons que leurs coéquipiers. Ou parfois, ce sont les longs trajets pour se rendre aux jeux et aux entraînements, ou le coût associé à l’inscription et à l’équipement qui rendent le sport impossible à s’engager.
Au fur et à mesure que les enfants grandissent, l’objectif de la formation devrait changer
À Actif pour la vie, nous savons que « les enfants acquièrent la littératie physique graduellement en pratiquant une diversité d’activités structurées et non structurées. La nature de ces activités évolue avec l’âge et les aptitudes de l’enfant. »
Pour un enfant de l’âge de mon fils, les activités doivent être amusantes, ludiques, et devraient encourager le développement des habiletés motrices fondamentales. En grandissant, il convient de mettre davantage l’accent sur les compétences spécifiques au sport, mais l’état de réceptivité de chaque enfant peut varier. Et le fait de pousser les enfants à faire des performances avant qu’ils ne soient prêts, peut gêner leur développement et leur intérêt pour une activité donnée.
Parfois, tout ce que les enfants veulent faire, c’est de s’amuser… et à un jeune âge, cela devrait suffire, même pour ceux qui pourraient vouloir pratiquer ce sport plus sérieusement à l’avenir.
En tant que parent, la pression de faire faire du sport à votre enfant dès son plus jeune âge est une réalité. Vous ne voulez pas qu’il soit trop tard avant d’avoir une chance de progresser.
Mais, quel est le prix à payer?
Votre enfant abandonnera-t-il immédiatement? Peut-être il ne voudra plus taper à nouveau un ballon?
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Comment pouvons-nous inciter les jeunes athlètes à rester dans le sport?
Tout comme le soccer, le hockey est un sport fantastique qui permet de développer la vitesse, l’agilité et l’esprit d’équipe. Mais la pression sur les jeunes joueurs est intense, même pour les plus jeunes athlètes de moins de 12 ans. Beaucoup abandonnent parce qu’ils ne sont tout simplement pas assez doués, même à un si jeune âge.
Serait-il différent si le sport des enfants appliquait moins de pression et se concentrait sur plus de plaisir?
Les enfants seraient-ils moins découragés si les joueurs avaient tous une bonne chance de passer, de tirer et de manœuvrer la rondelle? Et si nous enlevions la pression aux enfants sans les obliger à parcourir de longues distances pour se rendre aux jeux et aux entraînements à l’autre bout de la ville? Et si des sports tels que le hockey étaient plus abordables pour les familles?
De nouvelles initiatives donnent des résultats encourageants
La fédération suédoise de hockey (FSHG) s’est penchée sur ces questions pour tenter de maintenir l’intérêt des jeunes athlètes pour le hockey, et les dirigeants ont décidé « de placer le plaisir des enfants au centre de ses priorités. »
C’est le sport qui peut le mieux aider les enfants à atteindre les recommandations des activités physiques quotidiennes qui les aident à grandir et à se développer. Lorsque les enfants s’amusent, ils sont moins enclins à abandonner et plus motivés à continuer à jouer, que ce soit pour continuer à participer à des compétitions ou non.
Anders Wahlstrom, diplômé en sciences du sport, a rejoint la FSHG en tant qu’expert dans le domaine des enfants dans le sport. Il a apporté des changements pour améliorer le sport et le rendre plus amusant pour les jeunes joueurs. Ses efforts ont permis d’augmenter la participation et le nombre d’enfants qui pratiquent ce sport. L’objectif est de faire rester les enfants plus longtemps dans le sport. En tant que société, nous en profitons en exerçant moins de pression sur les services de santé publique et en réussissant mieux à développer les athlètes. « Nous voulons développer des êtres humains complets et équilibrés. Pas juste des hockeyeurs, » dit Wahlstrom.
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Nos jeunes athlètes canadiens peuvent-ils bénéficier de certains de ces développements?
La Suède continue d’être une force avec laquelle il faut compter dans le monde du hockey. Les jeunes joueurs canadiens pourraient-ils bénéficier du programme novateur de la Suède visant à développer les compétences des jeunes hockeyeurs, tout en se concentrant sur leur plaisir de pratiquer ce sport et en appliquant moins de pression sur les enfants? Et si nous pouvions apprendre à enseigner« les bonnes choses au bon moment »?
Pour mon fils de six ans, le ballon de soccer vit toujours sur la cage à balles dans le garage, mais en fait, l’une de ses activités préférées en ce moment est de jouer au hockey dans notre allée avec son père. Ils s’entraînent à tirer et à faire des passes, mais surtout, ils rient et s’amusent ensemble. Il aime tout ce qui est hockey et dit que c’est son sport préféré.
Je me demande si le hockey a remplacé le soccer dans notre famille parce que nous ne l’avons jamais pratiqué que de façon informelle… Je me demande aussi ce qu’il en pensera une fois que nous l’aurons inscrit dans une équipe ou dans des cours? J’espère qu’il aimera toujours jouer au hockey, et que c’est le début d’une passion qu’il appréciera pour toujours.