La littératie physique, c’est bon pour le cerveau

La littératie physique, c’est bon pour le cerveau

Nous savons tous que les six premières années de vie d’un enfant sont très importantes pour son développement mental, physique, social et émotionnel. Mais saviez-vous que 90 % de notre cerveau est entièrement développé à l’âge de cinq ans? (version anglaise)

Les directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures indiquent que les jeunes enfants ont besoin d’au moins 180 minutes de jeu actif tous les jours et que la littératie physique, c’est-à-dire le développement des habiletés motrices fondamentales, de la confiance et de l’envie de bouger, pose les assises d’une vie saine et active.


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Étonnamment, peu de recherches se penchent sur les liens qui existent entre le développement précoce du cerveau, le jeu actif et la littératie physique à cette période critique de l’enfance.

Depuis deux ans, l’équipe d’Early Years Physical Literacy explore l’effet des programmes de littératie physique (version anglaise) en garderie sur les jeunes enfants – une initiative possible grâce au financement d’Actif pour la vie, de B2dix et du volet Enfants et familles du Programme de partenariats pour le développement social du gouvernement du Canada.

En collaboration avec 100 éducateurs et éducatrices rattachés à 30 garderies de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, nous étudions en quoi la formation et les ressources sur la littératie physique permettent d’améliorer le jeu actif chez les 600 enfants dont ils s’occupent.

Résultat? Sans surprise, les enfants qui ont plus de temps pour le jeu actif sont plus motivés, plus confiants et plus habiles. C’est sans compter le fait qu’intégrer le jeu actif et la littératie physique au quotidien assure un meilleur développement du cerveau.

Comment au juste? Tout découle de quatre concepts clés qui composent la base du développement cérébral des enfants :

  • les échanges
  • le développement du cerveau ressemble… à la construction d’une maison
  • le contrôle du trafic aérien
  • la résilience

1. Les échanges

Les relations forment la base d’un développement cérébral sain. Les interactions entre les enfants et les adultes qui en prennent soin ouvrent ces premiers au monde dans lequel nous vivons. Au tennis, la partie débute avec un service qui doit être retourné. Avec les enfants, les liens se tissent d’une façon semblable : grâce à une série d’échanges, de services rendus, puis retournés. Et l’un des meilleurs moyens de soutenir ces échanges, c’est le jeu.

En fait, dans le cadre de notre étude, les éducateurs ont signalé avoir ressenti un lien plus fort avec les enfants après la mise en place d’activités de littératie physique, et ce, à la garderie comme ailleurs.

Explication : en encourageant le jeu actif, les éducateurs échangent davantage avec les enfants et jouent plus souvent avec eux. Et donc, ils passent moins de temps à gérer les comportements et à discipliner les enfants, et plus de temps à s’amuser avec eux. Adultes et enfants se sentent plus calmes et plus productifs, et leurs journées sont remplies de rires et de sourires.

2. Le développement du cerveau ressemble… à la construction d’une maison

Pour bâtir une maison, il faut d’abord poser de solides fondations. C’est tout aussi vrai pour le développement du cerveau, dont les fondations sont faites de relations stables, d’échanges et d’expériences positives. Voilà les facteurs qui déterminent la trajectoire d’une vie.

Quant aux quatre murs de la maison, ils reflètent les quatre grandes formes de développement : cognitif, social, émotionnel et physique. Pour que l’enfant sache faire face à l’adversité plus tard dans sa vie, ces quatre murs doivent tous être bien construits.

Toujours dans le cadre de notre étude, nous avons appris que la littératie physique favorise les quatre formes de développement.

Avantages cognitifs de la littératie physique

  • Meilleure capacité à se concentrer et à prêter attention
  • Enfant moins distrait
  • Capacité à accomplir des tâches avec une plus grande persévérance
  • Développement de la pensée divergente et de la capacité à résoudre des problèmes
  • Meilleure capacité de planification et d’exécution des tâches

Avantages physiques de la littératie physique

  • Meilleur équilibre
  • Déplacements effectués avec confiance
  • Renforcement de la coordination

Avantages sociaux de la littératie physique

  • Plus de coopération dans le jeu
  • Plus d’imagination et de créativité dans le jeu
  • Capacité à se faire des amis et à les garder
  • Capacité plus grande à partager et à travailler en équipe

Avantages émotionnels de la littératie physique

  • Meilleure autorégulation des émotions
  • Meilleur contrôle inhibiteur
  • Transitions plus calmes
  • Meilleur comportement en général

3. Le contrôle du trafic aérien

Pour réussir à l’école, au travail et dans la vie, il faut savoir planifier, se concentrer, se rappeler les instructions et jongler avec plusieurs tâches. Dans un aéroport achalandé, pilotes et passagers dépendent des contrôleurs aériens, qui ont une vue d’ensemble et déterminent à qui le tour. Dans notre cerveau, les fonctions exécutives et la faculté d’autorégulation jouent un rôle semblable et, ce faisant, facilitent notre quotidien.

Ces compétences fondamentales relèvent de notre cortex préfrontal (situé derrière le front), la partie du cerveau qui se charge de prendre les décisions. Le développement du cortex préfrontal débute dans les premières années de vie et s’étire jusqu’à la mi- ou fin vingtaine.

Les éducateurs de notre étude trouvent que, en accordant jour après jour plus de temps au jeu actif, les enfants sont plus patients et parviennent plus facilement à suivre les instructions, à attendre leur tour, à faire des plans et à les changer.

En plus de cette amélioration des fonctions exécutives, les éducateurs remarquent aussi que les enfants gèrent mieux leurs émotions. Au bout du compte, ils doivent faire avec moins de comportements difficiles.

4. La résilience

La résilience naît d’un équilibre entre les expériences négatives vécues et l’appui reçu. On aimerait bien qu’aucun enfant ne vive d’expériences négatives, mais ce n’est pas la réalité. Lorsqu’un enfant qui doit relever un défi est soutenu par un adulte bienveillant, il apprend à faire face à l’adversité, se dote de stratégies d’adaptation et devient plus résilient.

Les enfants dans notre étude ont eu l’occasion de repousser leurs limites avec divers objets ou sur des terrains de jeu naturels, lors d’un jeu actif extérieur. Avec l’appui de leur éducateur, c’est ainsi qu’ils apprennent à dépasser, puis fixer leurs propres limites.

À cet égard, les éducateurs rapportent que les enfants se montrent plus confiants et plus habiles dans les mouvements qu’ils effectuent seuls ou en groupe. Les enfants apprennent aussi que l’échec fait partie de la vie et qu’il suffit d’ajuster ses plans et de réessayer pour réussir – voilà comment se bâtit la résilience.


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Conclusion

D’après les résultats de notre étude, intégrer le jeu actif au quotidien permet non seulement de développer la littératie physique de l’enfant, mais aussi de renforcer les liens entre les enfants et les éducateurs, d’améliorer la capacité des petits à gérer leurs émotions et de multiplier les occasions où ils peuvent repousser leurs limites et bâtir leur résilience, sous une surveillance adulte.

Pour en savoir plus sur notre étude ou sur les mesures que votre garderie peut prendre pour améliorer ses programmes de littératie physique destinés aux bébés, aux tout-petits et aux enfants d’âge préscolaire, visitez activeforlife.com/fr/ece.

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