
Interdiction du hockey de rue et jeux d’enfants
Quand mes enfants étaient petits, nous vivions dans une rue résidentielle étroite où beaucoup d’enfants jouaient. Un jour, une balle rebondissante a échappé à un garçon qui s’est mis à courir après elle. Alors qu’il passait devant ma voiture garée, il s’est jeté pour l’attraper.
Il a rencontré le rétroviseur côté conducteur et l’a arraché.
Nous étions pauvres. Je voyais des signes de dollars sortir de mon compte en banque. Cela allait me coûter et j’avais envie de crier.
Puis j’ai réfléchi.
Les enfants s’amusent dehors, pas sur leur ordinateur ou leur téléphone. Ils ne mettent pas le feu et ne vandalisent pas les abribus. Je veux qu’ils continuent à jouer.
« Ne t’inquiète pas », ai-je dit au garçon.
La ville de Mississauga interdit le hockey de rue
Je me suis souvenu de ces événements récemment en regardant un sketch comique diffusé dans l’émission « This Hour Has 22 Minutes » sur la chaîne CBC. On y voit une unité imaginaire de lutte contre les crimes de rue de la police de Mississauga arrêter des enfants qui jouent au hockey sur rue devant leur maison.
Le sketch fait la satire d’une décision prise par le conseil municipal de Mississauga en novembre 2024 de maintenir son interdiction des sports dans les rues résidentielles. Cette interdiction signifie que le hockey sur route et le basket-ball ne peuvent toujours pas être pratiqués dans les rues du quartier.
La plupart des conseillers ont estimé qu’il y avait trop de risques à lever l’interdiction. Le maire a souligné le risque que les conducteurs puissent frapper les enfants qui jouent sur la route.
D’autres villes de l’Ontario, telles que Brampton, Hamilton et Kitchener, interdisent également les sports dans les rues de la ville. Toronto et Ottawa autorisent les sports dans les rues sous certaines conditions.
La décision de Mississauga a néanmoins suscité un vif débat et soulevé des questions intéressantes. Le jeu doit-il être protégé par des arrêtés municipaux? Quels sont les risques acceptables pour la sécurité des enfants? Quels risques juridiques sont tolérables pour les municipalités?
Le débat n’est pas nouveau. Le jeu et le risque sont souvent en conflit. Parfois, le jeu présente des risques pour les individus et les biens, et d’autres fois, la loi et la réglementation présentent des risques pour le jeu, en particulier lorsqu’elles engagent la responsabilité des écoles et des municipalités.

L’auteur et consultant en gestion Robert Fritz (en anglais) parle des défis qui se posent aux individus et aux organisations lorsque deux ou plusieurs objectifs concurrents entrent en conflit de cette manière. Au fur et à mesure que les objectifs concurrents s’opposent, une « structure oscillante » se met en place, dans laquelle aucun des objectifs ne peut être réalisé ou satisfait.
Par exemple, je veux être en forme, mais je ne veux pas faire de sport. Je veux parler italien, mais je ne veux pas faire l’effort d’étudier la langue.
Il semble que le jeu des enfants dans le paysage urbain soit souvent perturbé par des contradictions similaires. Nous voulons que les enfants jouent dehors, mais nous craignons qu’ils ne soient kidnappés. Nous voulons que les enfants fassent l’expérience du plaisir de grimper à un arbre, mais nous ne voulons pas qu’ils tombent et se cassent les os. Nous voulons que les enfants pratiquent des sports de rue, mais nous ne voulons pas qu’ils rayent nos voitures, qu’ils fassent du bruit pendant que nous dînons ou qu’ils courent le moindre risque d’être heurtés par un véhicule.
Où tracer la ligne entre la tolérance au risque, les intérêts personnels et notre désir de voir les enfants s’adonner à des jeux bénéfiques pour la santé? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller, sachant que le jeu est essentiel à l’apprentissage [PDF] (en anglais) et qu’il constitue un élément crucial du développement sain de l’enfant?
Nous aimons l’idée que les enfants jouent et se développent comme il se doit. Mais nous hésitons.