Cela pourrait-il être l’année de l’enseignement en plein air?
Note de l’éditeur : Cet article a été mis à jour le 22 août 2021
La rentrée 2020 a été tout à fait inédite, mais l’usage et le goût renouvelés des espaces naturels étaient un prix de consolation après des mois d’incertitude. Les espaces extérieurs ont été bien fréquentés l’année dernière. Cette année pourrait-elle être l’occasion de continuer à améliorer nos stratégies d’apprentissage en plein air?
Adapter l’enseignement à l’extérieur
La réouverture des écoles est une occasion unique pour les commissions scolaires de réinventer la journée en y intégrant l’exploration d’aires récréatives et l’enseignement en plein air.
L’enseignement à l’extérieur est propice à des jeux et à des gestes qui activent le cœur et stimulent les sens. C’est aussi une solution aux classes surpeuplées et mal aérées.
La solution ne convient pas à tous, faute d’espaces verts à portée de main et de climat favorable, mais n’est-il pas logique d’accorder à l’apprentissage extérieur une plus grande part de la journée plutôt que d’en faire une occasion exceptionnelle?
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L’Hôpital pour enfants malades de Toronto [PDF version anglaise], les enseignants et nos dirigeants sont unanimes à conseiller une plus forte dose de plein air, bénéfique et plus saine que la classe traditionnelle entre quatre murs.
Dans ses Directives relatives à la COVID‑19 à l’intention des écoles, le gouvernement du Canada insiste sur des mesures de prévention individuelle, dont l’étiquette respiratoire, l’hygiène des mains et le port d’un masque non médical, comme moyens d’atténuer le risque de propagation de la COVID‑19 dans les écoles et de favoriser l’apprentissage et le développement des enfants. Il encourage également à sortir la classe de l’école, si l’espace et le temps le permettent.
De nombreux avantages
Tous les pays doivent composer avec les effets de la COVID‑19 et ses répercussions sur la scolarité des enfants. Certains cherchent l’inspiration dans des programmes d’école en forêt et d’apprentissage inspiré de la Terre.
L’idée de l’école en forêt ou en plein air a plus d’un siècle (version anglaise). En Europe, elle est connue du milieu préscolaire depuis des décennies, et voilà qu’elle gagne en popularité partout au Canada, où les jeunes explorent les mathématiques, les sciences et la culture de l’activité physique à l’extérieur.
L’apprentissage à l’extérieur peut atténuer chez les enfants une part du stress provoqué par le confinement et l’absence prolongée d’interactions sociales. C’est un moyen de lutter contre la sédentarité qu’imposent les restrictions imputables à la COVID‑19, voire d’aider les enfants à prendre goût à l’école! Les enfants font de l’exercice au soleil (source de vitamine D), deux éléments essentiels à un système immunitaire robuste.
Le grand air rehausse le degré d’intérêt et d’attention des enfants et pourrait même, selon certains, atténuer les symptômes du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
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Le grand air à l’essai, au Canada et ailleurs
Les « classes » extérieures prennent de multiples formes, depuis la version modeste ou même gratuite, comme une pelouse sous un arbre, ou une structure temporaire comme les tentes de l’École primaire Pierre-Elliott-Trudeau, à Gatineau, jusqu’aux constructions spécialisées, qui pourront servir après la pandémie.
Pour inaugurer l’apprentissage à l’extérieur, la Shatford Memorial Elementary, une école primaire de Hubbards, en Nouvelle-Écosse, a aménagé cet automne des classes toutes simples avec des grosses pierres, des bancs de bois et des tabourets.
La directrice de l’école St-Joseph de Val-d’Or a mis à l’horaire du trimestre d’automne deux périodes de 50 minutes par jour à l’extérieur.
L’école publique Eramosa, de Rockwood en Ontario, s’est dotée d’une toute nouvelle classe extérieure, où élèves et enseignants profitent d’un tableau blanc à double face, de pierres en guise de tabourets, de tables à pique-nique et d’instruments résistant à toutes les conditions météorologiques.
Bill de Blasio, maire de New York, encourage les écoles des divers quartiers à sortir des bâtiments et à profiter des parcs et des rues fermées.
« On sait que le virus se propage moins à l’extérieur, mais aussi que les élèves ont besoin de courir, jouer, explorer et créer. Et tout ça, ça se fait dehors », a déclaré Richard Carranza, chancelier des écoles de la ville, à la chaîne NBC New York (version anglaise).
The Guardian cite le premier ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, pour qui « c’est peut-être un moyen de promouvoir l’apprentissage à l’extérieur, mais il ne s’agit pas que de contenir une infection : les enseignants ont besoin d’aide pour s’y adapter, mais il n’y a pas grand-chose que vous ne pouvez pas enseigner dehors. Il suffit de faire preuve d’imagination. »
Et l’hiver?
On peut faire l’école dehors sous tout climat. Ainsi, dans le cadre d’un projet pilote, les élèves de l’école Nanook (version anglaise), d’Iqaluit, ont suivi dans une tupik (tente) les cours habituels de mathématiques et de sciences, mais aussi les leçons des aînés de la communauté. Les élèves d’Equinox, une école innovatrice du conseil scolaire du district de Toronto, apprennent dehors pendant toute l’année scolaire, sauf en cas de conditions météorologiques extrêmes.
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Pour faciliter les choses
« Faire l’école dehors, ce n’est pas un acte de rébellion, ni même une audace pédagogique, c’est tout simplement une saine pratique. »
– Megan Zeni, éducatrice de la Colombie-Britannique, 10 tips for teaching outside the classroom
Ces ressources de qualité, suggérées par des éducateurs et d’ardents défenseurs de l’enseignement à l’extérieur, guideront écoles et enseignants :
- Sur le tout nouveau site S’épanouir en plein air de la Child and Nature Alliance of Canada, les enseignants trouveront des ressources relatives à l’apprentissage et au jeu fondées sur la nature.
- Outdoor Classroom Day (version anglaise) propose des idées pour passer plus de temps à l’extérieur chaque jour.
- Le Conseil canadien de plein air offre un riche éventail de guides et d’astuces et dresse une liste d’écoles où l’enseignement à l’extérieur est bien implanté.
- Plant a Seed & See What Grows Foundation (version anglaise) fait la promotion de l’éducation à l’extérieur au Canada et propose une foule d’idées et de ressources éducatives.
- L’équipe de The Outdoor PLAYbook (version anglaise) décrit des projets inspirants et fournit des conseils sur la planification et l’aménagement d’espaces de jeu ou d’apprentissage extérieurs innovants.
- Take Me Outside (version anglaise) a dressé une liste de groupes et d’organismes liés à l’enseignement en extérieur.
- L’Ontario Society for Environmental Education (version anglaise) propose des façons originales d’apprendre hors de la classe : des sorties éducatives à 100 mètres des murs de l’école!
- Enseigner dehors vise à inspirer, former et accompagner le personnel des écoles primaires et secondaires du Québec.