A girl walks across the soccer field, holding a soccer ball, as her team cheers behind her.

Spécialisation sportive ou pratique multisports : quoi choisir pour votre enfant?

Lorsque leurs enfants commencent à progresser en sports amateurs, les parents se demandent souvent s’ils doivent encourager la spécialisation dans un sport précis ou varier les activités sportives. 

C’est une question de plus en plus fréquente dans les milieux de la parentalité, de l’entraînement et de l’éducation. Il semblerait logique de choisir l’option la plus bénéfique pour l’apprentissage, la croissance et la sécurité sportive. 

Malheureusement, la popularité et le pouvoir croissants de l’industrie du sport professionnel – et de ses athlètes – font miroiter aux jeunes athlètes un avenir aussi attrayant qu’irréaliste.

Pourquoi choisir la spécialisation sportive précoce?

La spécialisation sportive précoce – soit la pratique d’un seul sport à un jeune âge, souvent à l’exclusion des autres – a souvent été considérée comme la voie d’accès par excellence à l’élite des sports professionnels et olympiques. 

Pour certains sports aux exigences physiques particulières qui demandent une bonne flexibilité, la spécialisation peut être utile; c’est notamment le cas de la gymnastique, de la natation et du patinage artistique. Or, même pour ces sports, cette approche présente certains risques, et les entraîneurs et associations sportives commencent à remettre en question ses avantages. 

À propos de l’auteur Bob Duff 

Bob Duff est un auteur et journaliste sportif canadien depuis plus de trente ans. Au fil de ses échanges avec des figures influentes du monde sportif, il a entendu vanter les bienfaits de la diversification; plusieurs athlètes d’élite attribuent d’ailleurs en partie leur succès à la pratique d’autres sports. Quadruple lauréat du prix de la Professional Hockey Writers Association, Bob Duff a aussi remporté à quatre reprises le prix Ontario Newspaper Award pour l’excellence en journalisme sportif.

La diversification sportive, une autre option pour les jeunes athlètes

Plutôt que de se spécialiser tôt, les jeunes peuvent aussi pratiquer des sports saisonniers ou multiples en alternance pendant quelques mois (en général pas plus de huit mois). L’enfant pratiquera alors au moins deux sports par année, si sa famille en a les moyens. 

De plus en plus de spécialistes des sports olympiques et professionnels, de l’éducation, de la parentalité, des associations sportives et des milieux médical et psychosocial privilégient cette approche : elle est plus sécuritaire, plus enrichissante sur le plan social, et procure plus de plaisir et de souvenirs durables.

A girl does front crawl in a pool.

Les avantages de la diversification sportive pour les jeunes 

Voici quelques avantages associés au modèle multisports. Plusieurs spécialistes estiment que les parents, entraîneurs, bénévoles sportifs et enseignants doivent penser à la santé physique, mentale et émotionnelle des jeunes dans leur ensemble.

  • Prévention des blessures : Comparativement aux enfants qui pratiquent plusieurs sports, ceux qui se spécialisent tôt sont beaucoup plus susceptibles de subir des blessures d’usure. En effet, la pratique d’un sport unique sollicite excessivement les mêmes articulations et muscles, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques dans cette période critique pour la croissance. Le Dr Robert Litchfield, de la Clinique de médecine sportive Fowler Kennedy, a vu un nombre alarmant de jeunes lanceurs subir une intervention chirurgicale de type Tommy John (reconstruction du ligament) après avoir trop sollicité leur bras. « Il y a tellement de jeunes qui subissent une opération, et pas un seul ne devient athlète professionnel », se désole-t-il. L’article suivant vous apprendra tout ce que vous devez savoir en tant que parent : Les blessures sportives chez les jeunes : un guide des essentiels pour les parents.
  • Intelligence sportive : La pratique de plusieurs sports permet d’acquérir différentes habiletés, qui sont souvent transférables dans d’autres disciplines et améliorent la performance globale. « Être athlète, c’est s’adonner aux sports en général, pas à un seul sport », estime Damian Warner, champion olympique de décathlon. La recherche le prouve : la diversification sportive dans l’enfance améliore la performance athlétique.
  • Esprit sportif : La diversification des habiletés sportives favorise également le développement cognitif. Les personnes qui pratiquent plus d’un sport ont souvent plus d’empathie pour leurs pairs; ayant elles-mêmes dû surmonter divers défis dans leur exploration sportive, elles comprennent mieux les difficultés associées à l’apprentissage d’un sport. Les entraîneurs doivent encourager le modèle multisports (en anglais) et inciter les jeunes à essayer d’autres sports. « En changeant le comportement d’un seul entraîneur, on touche beaucoup d’enfants », explique Lorraine Lafrenière, chef de la direction de l’Association canadienne des entraîneurs.
  • Résilience : Chaque sport sollicite le corps différemment, exige l’acquisition de compétences uniques et nécessite l’intégration de règles spécifiques. « Jouer, ce n’est pas seulement empoigner une raquette, botter un ballon ou frapper une balle », insiste Frank Renaud, ancien secondeur de la LCF. « Le mental est aussi très sollicité, mais on en parle peu. » La pratique de plusieurs sports nécessite une bonne adaptabilité physique et mentale, qui améliore la résilience et la capacité à résoudre des problèmes.
  • Prévention du surmenage : Trop, c’est comme pas assez. L’excès n’est jamais sain, même lorsqu’il s’agit d’une passion. « Il faut ménager son cerveau », affirme Eric Lindros, membre du Temple de la renommée du hockey. « Si on ne prend pas le temps de récupérer, on le paiera la saison d’après ». La variété est le sel de la vie; aussi bien explorer! Les jeunes qui se spécialisent dans un seul sport risquent de se lasser et d’abandonner avant longtemps.
  • Résultats scolaires : La recherche montre que les élèves polyvalents réussissent mieux. Les apprentissages sur le terrain paieront donc aussi en classe. « La spécialisation sportive augmente le risque de stress, d’épuisement et de décrochage », indique Stephanie Cowle, directrice de l’application des connaissances pour Parachute. Miser sur un seul sport, c’est une approche très risquée : si on échoue, tout s’écroule d’un seul coup. La pression est énorme.
  • Confiance en soi : On ne peut exceller en tout. En s’initiant à divers sports, les jeunes développent des compétences essentielles comme la coopération, l’esprit d’équipe et l’entraide. « Les jeunes qui réussissent le mieux sont souvent ceux qui pratiquent plus d’un sport », fait remarquer Leigh Vanderloo, directrice scientifique de l’organisme canadien ParticipACTION.
  • Ouverture culturelle : La pratique de plusieurs sports d’équipe et individuels, à l’intérieur comme à l’extérieur, expose les enfants à une diversité de groupes culturels, notamment les nouveaux arrivants. Ce contact avec différentes pratiques et approches sportives enrichit l’expérience pour tous et toutes.
Two boys sit on the basketball court, talking to their coach at a practice.

Votre rôle : défendre les intérêts de votre enfant

En tant que parent, vous devez assurer le bien-être et la sécurité de votre enfant. L’entraîneur qui insiste pour que votre enfant se consacre corps et âme à un sport unique pense-t-il d’abord à votre enfant, ou aux victoires de son équipe? « Veillez au bien de votre enfant, insiste le Dr Litchfield. Encouragez la diversification sportive. »

C’est le message du documentaire sportif GIVE and GO (en anglais), qui s’appuie sur la recherche pour sensibiliser les athlètes, parents, enseignants et leaders sportifs canadiens à l’importance de l’équilibre entre le sport et la vie personnelle. Intégrant les réflexions d’organismes de sport amateur, d’athlètes professionnels et de groupes nationaux de représentation, le film souligne l’importance du sport saisonnier pour les enfants en croissance. Cliquez ici pour en savoir plus (article en anglais).

On voudrait faire croire aux parents que la spécialisation sportive est le meilleur moyen de faire de leur jeune un Sidney Crosby ou une Christine Sinclair. En réalité, à peine un pour cent de tous les jeunes athlètes se rendront au niveau professionnel. Votre enfant gagnera davantage à pratiquer divers sports, sur le plan athlétique comme personnel. 

À long terme, les jeunes qui explorent une variété de disciplines restent plus longtemps actifs dans le milieu sportif – que ce soit comme athlètes, officiels, bénévoles ou administrateurs – et contribuent à l’épanouissement des communautés sportives.

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