Mignon ne rime pas toujours avec bon pour nos filles

Mignon ne rime pas toujours avec bon pour nos filles

Note de l’éditeur : Cet article a été mis à jour le 21 décembre 2020.

Ma fille de trois ans voulait suivre un cours de danse. Nous nageons régulièrement, elle fait déjà de la gymnastique en plus d’avoir suivi un programme de développement des habiletés motrices comme courir, sauter, lancer, attraper, botter et se tenir en équilibre.

Elle souhaite maintenant pratiquer une activité musicale et, après avoir inventorié quelques possibilités, nous avons opté pour un cours de danse offert dans la région. Nous avons conduit notre fille à sa première leçon vêtue de son tutu rose et d’un maillot orné d’une mignonne devise. Avec ses cheveux remontés en chignon, elle était vraiment adorable et très excitée.


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L’instructrice de 17 ans devait gérer une salle remplie de fillettes de 3 et 4 ans, toutes vêtues et coiffées de la même façon. Pour commencer la leçon, elle a demandé aux fillettes quel était leur film préféré, ce qui nous a étonnés puisque notre fille n’avait encore jamais regardé de film, alors que toutes les autres semblaient l’avoir fait.

Les filles ont passé un bon moment assises. Lorsqu’est venu le moment de danser, l’instructrice leur a demandé de traverser la pièce et d’en revenir sur la pointe des pieds, à tour de rôle. Autrement dit, pendant qu’une fillette traversait la salle en pointes, les autres restaient immobiles. L’instructrice leur demanda ensuite de caracoler comme un cheval, à nouveau en traversant la pièce à tour de rôle.

Pendant qu’elles attendaient leur tour, les fillettes avaient du mal à tenir en place et s’ennuyaient ferme puisque rien n’avait été prévu pour les occuper.

Visiblement inexpérimentée, la jeune instructrice tentait tant bien que mal de gérer les élèves qui attendaient leur tour tout en essayant d’offrir conseils et commentaires à celle qui faisait l’exercice. Elle ne corrigeait donc pas la technique, n’utilisait pas les bons termes et n’expliquait pas la mécanique des gestes demandés.

Ma fille n’a pas vraiment compris les explications puisqu’elle exécute déjà ces mouvements dans d’autres cours, et qu’on les lui a expliqués en recourant à la bonne terminologie. Caracoler comme un cheval correspond, dans ses autres activités, à galoper comme un cheval. Et pendant qu’elle tentait de comprendre ce que l’instructrice attendait d’elle, celle-ci ne l’a pas aidée ni n’a corrigé son mouvement.

Sur les 45 minutes qu’a duré la leçon, je dirais que les filles ont été actives physiquement pendant environ 10 minutes.


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À la fin de la première leçon, j’ai exprimé ma déception à mon conjoint en suggérant qu’on retire notre fille du groupe pour la réintégrer dans celui où elle apprenait des habiletés motrices. Mon mari n’était pas aussi tranché que moi et croyait qu’il fallait donner la chance au coureur.

Les choses ne se sont pas améliorées durant les deuxième et troisième leçons, et les filles ont même eu droit à des instructrices différentes.

Nous avons finalement décidé de retirer notre fille du groupe; il était trop tard pour obtenir un remboursement, mais cela nous importait peu puisque nous avions l’impression que le cours nuisait au développement de notre fille.

Ainsi s’est terminée notre expérience du programme de danse, ce qui ne signifie certainement pas que tous les programmes de danse sont de cet ordre ni que nous ayons une mauvaise opinion de la danse en tant qu’activité physique.

Notre mésaventure montre cependant que les parents doivent être vigilants lorsqu’ils inscrivent leurs enfants à des programmes d’activité physique. La danse est une activité formidable pour développer la littératie physique, mais nous avons choisi un mauvais programme.

Nous sommes donc revenus au programme Enfant actif, qui observe les objectifs du développement à long terme des athlètes (DLTA). Ces cours sont donnés par des instructeurs ayant suivi le cours HFM du PNCE, le cours Cours, saute, lance, roule du PNCE, le programme High Five ainsi que d’autres formations sur la littératie physique.

Au sein du groupe Enfant actif, ma fille a tout de suite été intégrée aux activités ; elle a passé 40 des 45 minutes de la séance à s’activer, à apprendre et essayer des mouvements que les instructeurs décortiquaient en utilisant les bons termes.

Les instructeurs donnaient aux enfants des conseils pour apprivoiser la technique et ne ménageaient pas le renforcement positif. Les activités et les jeux visaient l’apprentissage d’habiletés; les limites et les attentes étaient expliquées dès le départ; le jeu libre faisait partie intégrante du plan de leçon; l’équipement servait à développer les habiletés; et ma fille avait du plaisir.


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J’ai été surprise de constater qu’elle était la seule fille du groupe. Je ne pouvais m’empêcher de penser que pendant que de nombreuses fillettes attendaient leur tour dans le cours de danse, les garçons développaient les habiletés nécessaires pour participer à toutes les activités qui leur font envie.

Nous limitons presque d’office les possibilités des filles en les inscrivant à des programmes de moins bonne qualité, qui sont moins stimulants physiquement et au sein desquels elles n’apprennent pas les habiletés motrices fondamentales dès le plus jeune âge.

Et ça commence à trois ans!

Ce constat m’a alarmée parce que mon travail m’a appris depuis longtemps que les filles se désintéressent du sport et de l’activité physique au début de l’adolescence; or je venais de constater que nous les préparons à abandonner dès l’âge de trois ans.

Je suis sûre que la plupart des parents ne commencent à s’en préoccuper que lorsque leur enfant entre à l’école primaire.

Selon la tendance observée — grâce aux recherches menées en Ontario sur l’écart entre les sexes dans le sport et l’activité physique —, les filles perdent leur motivation à faire de l’activité physique dès l’âge de 8 ans, et leur confiance en soi vers 10 ans. À 12 ans, elles n’ont pas acquis les habiletés motrices requises pour participer, et elles abandonnent le sport dans les deux années suivantes.

D’autres études sont en cours pour en savoir plus à ce sujet, mais l’exemple de ma fille est très probant pour moi, comme je souhaite qu’il le soit pour vous lorsque viendra le temps de faire des choix déterminants pour vos enfants.

Choisissez des programmes offerts par des instructeurs formés qui enseignent des habiletés motrices et créent un milieu d’apprentissage positif, amusant et stimulant.

2 responses to “Mignon ne rime pas toujours avec bon pour nos filles

  1. Déjà il serait bien de ne pas nommer les petites filles de fillettes, on ne dit pas garçonnet ? ce terme rabaisse les filles, merci.

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