A girl sits on the couch at home, hugging her legs into her chest. She looks sad.

Comment reconnaître les problèmes de santé mentale chez votre enfant 

« Je n’ai pas très faim », marmonne mon fils. Il était assis en face de moi à la table pendant le repas du soir, tournant les petits pois autour de son assiette, avec un regard lointain.

« Tu ne te sens pas bien? » 

« Je ne sais pas… », dit-il. 

Quelque chose dans son attitude a fait vibrer mes sens de maman. Quelque chose ne tournait pas rond. 

« Il s’est passé quelque chose aujourd’hui? » Je l’ai poussé, aussi doucement que possible. 

Il s’est éloigné de la table en faisant grincer sa chaise. Je l’ai regardé se diriger vers la salle de toilettes et fermer la porte. Ne sachant pas trop quoi faire, j’ai attendu quelques instants, puis j’ai frappé doucement.

« Tout va bien? » demandai-je.

« Tu peux entrer », a-t-il dit, la voix tremblante. 

J’ai ouvert la porte lentement et j’ai trouvé mon fils de neuf ans en boule sur le sol, tremblant. 

Je n’oublierai jamais le moment où j’ai vu mon fils pris d’une crise de panique. En l’entourant de mes bras, je me suis sentie comme si j’avais reculé dans le temps. Enfant, j’ai moi aussi lutté contre l’anxiété. Cependant, à cette époque—oui, je me fais passer pour une vieille dame—on ne parlait pas de la santé mentale chez les enfants. Mes parents faisaient de leur mieux, mais ils ne savaient pas à quoi s’attendre ni comment m’aider. 

Je me suis promis que si l’un de mes cinq enfants avait des problèmes de santé mentale, je ne le laisserais pas souffrir comme je l’ai fait. Pourtant, il n’est pas toujours facile de repérer les problèmes de santé mentale chez les enfants. Si vous vous demandez si votre enfant est aux prises avec des problèmes de santé mentale, cet article vous aidera à identifier les principaux signes d’alerte et vous suggérera les mesures à prendre.

Pourquoi la détection précoce des problèmes de santé mentale est cruciale

En ce qui concerne les troubles mentaux chez les enfants, nous vivons une époque sans précédent. Selon la Société canadienne de pédiatrie, 20 % (un sur cinq) des enfants et des adolescents canadiens souffrent de maladies mentales, le plus souvent de troubles anxieux, de dépression et de troubles du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH). Bien que ces statistiques puissent sembler accablantes, il y a de l’espoir.

La Commission de la santé mentale du Canada souligne que 70 % des problèmes de santé mentale à l’âge adulte commencent dans l’enfance. Lorsque les enfants reçoivent un soutien adéquat dès le début, ils développent des capacités d’adaptation plus saines, une plus grande résilience, une meilleure estime de soi et une meilleure qualité de vie. C’est pourquoi la détection précoce est importante.

A mom gives her son a big hug.

Quels sont les signes d’alerte les plus courants à observer chez les enfants?

En rétrospective, il y a des signes que j’ai négligés chez mon fils. Lorsqu’il était tout petit, il souffrait beaucoup d’anxiété de séparation. Dans sa petite enfance, il était inquiet à l’idée que des problèmes mineurs, comme de petites blessures qui pourraient s’infecter ou de simples rhumes qui pourraient mettre sa vie en danger.

Il peut être difficile de savoir ce qui est considéré comme « typique » dans le développement de l’enfant et ce qui ne l’est pas. Après tout, les enfants passent par de nombreuses poussées de croissance et étapes de développement, de la naissance à l’adolescence. Les enfants ont également des personnalités et des tempéraments uniques, qui peuvent varier considérablement! N’oubliez pas que la présence d’un seul signe ne signifie pas nécessairement que votre enfant souffre d’un problème de santé mentale. Cependant, si ces signes persistent, s’aggravent, interfèrent avec sa vie quotidienne ou semblent inappropriés à son âge, on recommande de demander de l’aide pour votre enfant

La liste ci-dessous est basée sur les signes d’alerte identifiés par la Société canadienne de pédiatrie (Soins de nos enfants) ainsi que sur les ressources de l’Association canadienne pour la santé mentale et le Gouvernement du Québec.

Signes émotionnels

  • Sentiment persistant de tristesse, de malheur ou de déprime
  • Inquiétude, peur ou panique excessives
  • Être souvent irritable
  • Sautes d’humeur soudaines ou fréquentes
  • Explosion fréquente de la colère

Signes de changement de comportement

  • Se retirer des amis et de la famille
  • Souhaiter être souvent seul
  • Difficulté à s’entendre avec ses amis
  • Être plus silencieux que d’habitude
  • Perte d’intérêt pour des activités autrefois appréciées
  • Régression dans les étapes du développement (comme l’énurésie chez les enfants plus âgés)

Signes physiques

  • Maux de tête fréquents, maux d’estomac ou autres douleurs sans cause médicale
  • Obsession de l’image corporelle ou du poids
  • Changement des habitudes de sommeil ou d’alimentation (moins ou plus, problèmes d’alimentation)
  • Manque d’énergie ou fatigue persistante sans cause médicale
  • Avoir des habitudes nerveuses (se ronger les ongles ou les cheveux, se laver fréquemment les mains)

Signes académiques

  • Baisse soudaine des notes
  • Retrait des activités scolaires
  • Difficultés de concentration
  • Démotivation à l’école

Signes de risque ou d’automutilation 

  • Comportement à risque accru
  • Boire beaucoup d’alcool ou consommer des drogues
  • Défier l’autorité fréquemment ou sévèrement 
  • Parler de la mort ou de l’automutilation
  • S’automutiler (se couper, se brûler)

Si votre enfant parle de suicide ou d’automutilation, demandez immédiatement l’aide de votre médecin ou d’une ligne d’écoute téléphonique spécialisée dans la santé mentale. 

A dad comforts his crying daughter.

Que faire si vous remarquez des signes précurseurs?

La première crise de panique de mon fils m’a poussée à agir immédiatement. Je lui ai dit que j’étais là pour l’aider et le soutenir, qu’il n’était pas seul. Puis je me suis rappelé que je n’avais pas à gérer cette situation seule. J’ai contacté notre médecin de famille, un thérapeute pour enfants, rassemblé des ressources et trouvé des livres utiles sur l’anxiété à lire avec lui. Ces interventions précoces lui ont donné les outils nécessaires pour gérer l’anxiété, ce qui s’est avéré particulièrement important à l’adolescence. Elles l’ont également aidé à comprendre l’importance de demander de l’aide.

Si vous remarquez des signes inquiétants, sachez que de nombreux autres parents sont confrontés à des situations similaires—vous n’êtes pas seul. De plus, reconnaître ces signes est un pas dans la bonne direction. N’oubliez pas que vous êtes le meilleur défenseur de votre enfant. Il est toujours préférable de demander l’aide d’un professionnel, surtout si vous n’êtes pas sûr de vous.

Voici une liste de choses que vous pouvez faire pour aider votre enfant s’il a des problèmes de santé mentale : 

  • Prenez rendez-vous avec un médecin pour discuter des signes d’alerte que vous avez remarqués chez votre enfant.
  • Pas de médecin de famille? Rendez-vous avec votre enfant dans une clinique sans rendez-vous ou dans un centre de soins d’urgence.
  • Prenez contact avec un professionnel de la santé mentale (conseiller, thérapeute, psychologue ou psychiatre).
  • Accédez aux services de santé mentale communautaires locaux ou aux groupes de soutien (pour les enfants, les adolescents et les parents) par l’intermédiaire de votre région sanitaire.
  • Faites appel à l’enseignant et au conseiller scolaire de votre enfant. Ils peuvent apporter un soutien à l’école et même mettre votre enfant en contact avec d’autres services communautaires. 
  • Contactez Jeunesse, J’écoute : Le seul service de santé mentale en ligne au Canada, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui offre un soutien gratuit, multilingue et confidentiel à tous les jeunes. Téléphone : 1-800-668-6868, texto : 686868
  • Contactez Tel-jeunes parents : Ligne d’écoute : 1 800 361-5085 (de 6 h à minuit), Clavardage (de 6 h à 22 h 30). C’est un Service d’intervention confidentiel et gratuit offert à tous les parents d’enfant âgé de 0 à 20 ans par des intervenants professionnels.
  • Contactez Pair·e·s aidant·e·s famille : Ligne d’écoute : 1 800 349-9915. C’est un service panquébécois et pancanadien francophone pour les proches des personnes présentant un trouble mental. C’est gratuit et confidentiel. Il est accessible les lundis de 13 h à 16 h et les mardis, mercredis, jeudis et samedis de 13 h à 18 h.
    Vidéo disponible pour en savoir plus.
  • Plus d’informations pour les parents de la part des pédiatres canadiens : La santé mentale de votre enfant

Soutenir la santé mentale de votre enfant à la maison

En plus du soutien professionnel, il y a des choses que vous pouvez faire à la maison. J’ai rapidement appris que mon fils gérait mieux son anxiété lorsqu’il dormait bien. Le manque de sommeil fait grossir les « monstres d’inquiétude ». J’ai également constaté que des activités physiques régulières et des sorties à l’extérieur l’aidaient beaucoup. Voici quelques suggestions pratiques que vous pouvez faire à la maison pour contribuer à la santé mentale de votre enfant : 

Si vous lisez cet article parce que vous vous inquiétez de la santé mentale de votre enfant, il est important de souligner que la détection et l’action sont les premières étapes cruciales pour aider votre enfant à réussir. Une intervention et un soutien précoces peuvent aider considérablement votre enfant pour la vie. Et si vous êtes un entraîneur.e ou un.e professionnel.le de la garde d’enfants, faites part de vos inquiétudes au parent ou au gardien ou à la gardienne de l’enfant.

N’oubliez pas non plus que vous n’êtes pas seul dans ce parcours. Cherchez du soutien et sachez qu’il y a une communauté qui attend de vous tendre la main et de vous aider.


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